Sécurité mondiale : Angela Merkel appelle au désarmement

Lundi 18 Février 2019 - 19:27

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Au cours de la conférence internationale sur la sécurité, dont les travaux se sont achevés le 17 février, à Munich, en Allemagne, la chancelière de ce pays a prôné des efforts de désarmement incluant la Russie, les Etats-Unis et la Chine, suite à la suspension d’un emblématique traité russo-américain.

Washington a suspendu sa participation au traité INF interdisant les missiles sol-sol d’une portée de 500 à 5 500 km, accusant la Russie d’enfreindre ce document signé en 1987. En retour, Moscou a fait de même et sauf coup de théâtre, le traité deviendra caduc en août.

Cette réalité laisse craindre une nouvelle course aux armements, d’autant que les relations russo-américaines sont au plus bas.

« Le désarmement est quelque chose qui nous concerne tous et on se réjouirait si de telles négociations avaient lieu pas seulement avec les Etats-Unis, l’Europe et la Russie, mais aussi la Chine », a dit la chancelière allemande lors de la Conférence de Munich, réunion du gratin diplomatico-militaire mondial.

Mais cet appel à sauver un traité emblématique, symbolique des mesures de confiance américano-soviétiques négociées à la fin de la Guerre froide, n’a pas reçu un accueil positif. Ni le vice-président américain Mike Pence ni le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, présents à Munich, n’ont répondu dans leurs discours respectifs à l’appel de leur hôte.

A l’issue d’une rencontre avec le ministre russe, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a souligné, le 15 février, que Moscou ne donnait « aucun nouveau signal de vouloir sauver l’accord de désarmement et de renoncer à ses missiles 9M729 qui violeraient selon Washington le traité INF (FNI en français), acronyme anglais de "forces nucléaires intermédiaires"».

Les Etats-Unis ont reçu le soutien de l’ensemble des membres de l’Otan, y compris de Berlin, sur le sujet et des « preuves » des violations russes auraient été collectées par d’autres que Washington.

Néanmoins l’Allemagne, qui était au coeur de la crise dite des euromissiles ayant conduit au traité INF, espère un retour à la table des négociations.

La montée en puissance militaire de Pékin a motivé Washington à sortir du traité INF

L’Otan a déjà indiqué qu’elle ne comptait pas déployer des missiles de portée intermédiaire en Europe en réponse à Moscou. Mais l’Alliance dispose d’autres systèmes qui ne sont pas interdits par le traité, comme les armements mer-sol ou air-sol.

Au-delà de la Russie, l’efficacité des politiques de contrôle des armements et du désarmement ne peut être une réalité sans la Chine, qui selon l’Otan et les experts disposent d’un arsenal de portée intermédiaire très important. Cette montée en puissance militaire de Pékin a motivé le président Donald Trump à accélérer la sortie de ce traité, estiment les observateurs.

« Depuis plusieurs années, le Pentagone s’inquiète du déséquilibre, selon lui, entre les arsenaux balistiques et de croisière chinois et nord-coréens et les moyens américains dans la région », relève la Fondation pour la recherche stratégique dans une récente note d’analyse. Ce centre de réflexion juge donc « inconcevable » qu’un traité élargi soit négocié.

Un haut responsable chinois a répété, le 16 février à Munich, la position de principe de son pays : Pékin ne participera pas à un INF élargi.

« La Chine (...) développe ses capacités (militaires) en fonction de ses besoins de défense et ne menace personne. Nous sommes donc opposés à une multilatéralisation de INF », a relevé Yang Jiechi, influent responsable diplomatique et membre du bureau politique du Parti communiste chinois.

La suspension du traité INF laisse, par ailleurs, craindre pour l’avenir de New START signé en 2010, un autre accord prévoyant une réduction des arsenaux nucléaires stratégiques américain et russe, propres à annihiler la planète. Ce document, négocié sous Barack Obama, arrive à échéance en 2021.

Sergueï Lavrov a rappelé samedi que le président Vladimir Poutine avait proposé « de commencer les négociations pour prolonger la durée du traité ». Mais « le temps passe très vite », a-t-il fait valoir, en soulignant que son pays avait des « inquiétudes » concernant la manière dont les Américains désarment en vertu de New Start.  « Pour le moment, on ne nous a pas proposé de consultations substantielles », a dit le ministre russe des Affaires étrangères.

 

 

Nestor N'Gampoula et AFP

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