Septième art : « La miséricorde de la jungle », une légende du cinéma africain

Jeudi 2 Mai 2019 - 21:00

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Le long métrage du cinéaste et réalisateur rwandais, Joël Karekezi, tourné dans les montagnes de Virunga, entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC), fait office de référence sur la scène internationale. Il était en avant-plan, en mars dernier, lors de la 26e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), au Burkina Faso.  

Sorti en 2018, le film héroïque gagne du succès auprès du public. Lors de la dernière édition du Fespaco, son réalisateur, Joël Karekezi, a inscrit son nom dans le marbre des grands hommes du cinéma africain, en remportant le trophée le plus convoité, l’étalon d’or de Yennega. C'était en présence des chefs d’Etat, Rock Marc Kabore du Burkina Faso, Paul Kagame du Rwanda, Ibrahim Boubakar Keita du Mali et l’ancien président du Ghana, John Jerry Rwlings. Il succèdait ainsi au Franco-Sénégalais Alain Gomis, lauréat de ce prestigieux prix en 2017. « C’est un grand honneur pour moi et toute mon équipe, toute cette jeune génération des cinéastes ; on va continuer à faire des films », avait déclaré le cinéaste et réalisateur rwandais.

Plus qu’un film de guerre, "La miséricorde de la jungle" est un film de vie et de paix. Devenu un symbole des grandes rencontres internationales sur la paix et la sécurité, il a été projeté à Genève, dans le cadre du printemps de la Francophonie, en collaboration avec le Festival du film et du forum international sur les droits humains, devant un public composé de diplomates et de hauts fonctionnaires internationaux.

En effet, le long métrage de Joël Karekezi revient sur ce qu’on est en droit d’appeler la deuxième guerre de la RDC de 1998. Les faits se déroulent à la frontière entre ce pays et le Rwanda, dans le Kivu. Il s’agit d’une réflexion sur l’absurdité de ce conflit meurtrier, magnifié par les images superbes de la jungle du Kivu. Ce conflit sans fin, où l’on peine à distinguer les alliés et les ennemis, les atrocités et les massacres des civils. La guerre du Congo, nourrie par les fabuleuses richesses minières de la région, a fait plusieurs millions de morts de la fin des années 1998 au début des années 2000.

Livrés à eux-mêmes, les deux soldats du film, le sergent Xavier, un vétéran joué par l’acteur belge Marc Zinga, et la jeune recrue Faustin (Stéphane Bak), n’ont plus d’autre choix que de s’entraider pour survivre. Cette épreuve les amène à une introspection,  n'arrivant plus à distinguer les innocents et les coupables. Confus, épuisé et malade, le sergent Xavier, le rescapé du génocide, n’en peut plus pour faire la guerre.

Témoin vivant du génocide, le cinéaste et le réalisateur rwandais de 33 ans expose les nombreuses contradictions qui ont émaillé ces différentes guerres en RDC, avec des responsabilités jamais élucidées : « j’ai vu le lac Kivu parsemé de corps, l’eau à la couleur rouge du sang. J’ai vu des enfants, des nourrissons déposés sur les berges par le ressac de l’eau. Des visages familiers qui circulaient dans la ville, armés de machettes, se vantant d’avoir tué leurs amis, leurs voisins », a expliqué le cinéaste.

Depuis les événements traversés par sa famille et son peuple, Joël Karekezi est hanté par les questions liées à la guerre. Son expérience lui fait haïr la violence et en tant que survivant, il a décidé de devenir un avocat de la paix, voulant pour cela raconter son histoire. « Je peux et je veux rendre compte de la réalité de la guerre, mettre à nu les mécanismes qui alimentent les conflits. Plus tard, lorsque j’ai ressenti le besoin de témoigner de mon expérience et la faire partager, je me suis tourné vers le cinéma », a précisé le metteur en scène.                                        

Cisse Dimi

Légendes et crédits photo : 

Joël Karekezi, réalisateur du film

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