Sixième art : " Koltan" reçoit le prix Madiba

Mardi 5 Février 2019 - 11:39

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

La pièce de théâtre engagée du Congolais Christian Bena Toko a été primée dans la catégorie « Création artistique et culturelle réalisée par une personne ou une association issue des migrations », à l’occasion de la cinquième édition de la récompense initiée par le Forum des organisations de solidarité internationale issues des migrations (Forim), récemment à Paris.

Un extrait de Koltan Dans un premier temps, des lectures publiques de "Koltan", entendu comme une causerie citoyenne, avaient pour but de sensibiliser les pouvoirs publics. Pour Christian Bena Toko, le prix octroyé est porteur d’une nouvelle opportunité. En effet, par delà les honneurs de la soirée de gala organisée à la Bellevilloise dans le cadre de la Journée internationale des migrants, il a en vue que « ce dernier ait des retombées impactant sur le projet Koltan en RDC, d’où provient cette matière première dont la pièce de théâtre parle ». Surtout que dans l’idée de départ, avec le théâtre Ombre et Lumière qui le porte, le pari lancé était de faire en sorte « qu’une pièce engagée touche un public adolescent, et bien sûr aussi les adultes ».

Il faut noter qu’en dépit de la différence d’orthographe, « koltan écrit avec k au lieu du c habituel » a pour sujet central le coltan. Christian Bena se sert de ce minerai comme prétexte pour restituer l’histoire de la République démocratique du Congo (RDC) d’où il est extrait. Mais la pièce, souligne le comédien, va bien au-delà, posant « un territoire international sur la diffusion et la vie de nos portables partant de la carte de naissance » du minerai indispensable à leur fabrication. Il part donc « de la source, à savoir la RDC et son histoire, à l’expansion internationale par un marketing acharné, jusqu’aux utilisateurs de portables et à la mort de ces derniers, au fond de nos tiroirs ».Christian Bena Toko présentant le Prix Madiba

Christian Bena a choisi la voix du théâtre pour aborder cette sensible problématique après l’observation que les rares documentaires traitant le sujet s’arrêtent à la dénonciation de l’exploitation humaine sans faire le lien avec les matières premières transformées en produits finis d’usage courant et quasiment incontournables. Et de s’indigner : « Nous ne nous sentons pas concernés car, ce qui est loin de nous ne nous permet pas d’être en prise directe entre la réalité de là-bas, la réalité de ce qui est dans nos téléphones (parce qu’invisible) et le fait que nous profitons de cette exploitation minière par notre utilisation des portables et autres objets. Nous ne nous définissons pas comme étant le dernier maillon d’une chaîne ». Il rappelle aux esprits que si à « l’autre bout du monde  des enfants descendent dans des mines, c’est pour que d’autres, à l’autre l'autre bout, puissent s’endormir avec leur portable sur l’oreiller ».

 Le Prix MadibaDe manière naturelle, plusieurs sujets s’invitent dans "Koltan". Il est dès lors notamment question de géopolitique avec la dénonciation du conflit armé créé par les gros trusts financiers dans l’est de la RDC « pour l’exploitation des richesses du sous-sol, au détriment de l’humain ». Christian Bena dénonce ainsi les risques encourus par les jeunes enfants travaillant dans les mines, les viols massifs des femmes qui s’y rattachent. Dans "Koltan" est également mentionné ce « phénomène de société où la propagation d’un nouveau mode de vie nous impose une surconsommation aveugle et compulsive ». Sans oublier « la problématique environnementale due à une exploitation minière polluante, faite sans le respect minimum des codes écologiques appliqués dans les pays occidentaux ».

 

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Un extrait de la pièce "Koltan" Photo 2 : Christian Bena Toko présentant le Prix Madiba Photo 3 : Le Prix Madiba

Notification: 

Non