Slam : « J’ai maudit ma mère », le cri de cœur de Sarah Tshihut

Jeudi 16 Juillet 2020 - 20:08

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Originaire de la République démocratique du Congo (RDC) et étudiante en droit et sciences-politiques en Belgique, Sarah Tshal Tshihut a suscité du buzz sur la toile il y a environ deux semaines. Pour cause, sa vidéo d'environ 6 minutes intitulée « J’ai maudit ma mère » pour faire valoir les droits des femmes dans certaines parties de son pays où les violences sexuelles font partie de leur quotidien.

« Je te maudis de m’avoir mis au monde sans père. Vous m’écoutez choqués ! Vous avez l’air étonné ! Mais si seulement vous saviez. Si seulement vous saviez combien c’est dur d’affronter les regards de ces parents, les paroles de ses enfants qui me disent à tout bout de champ et toi ? Il est où ton papa ? J’en avais marre, alors ce soir-là maman était en face de moi et je lui ai dit : mère je te maudis de m’avoir mis au monde sans père… », slame Sarah Tshal Tshihut dans les premières secondes de cette vidéo agrémentée de danse classique et de musique sensuelle pour relever le côté émotionnel du message partagé.

Entendre, comprendre et apprendre tel est le dur supplice auquel se soumettent de nombreux enfants nés à la suite d’un viol. Des mamans devenues mères malgré elles et portant au fil du temps le poids d’un châtiment qui ne peut s’ôter de leurs histoires. Evidemment, tôt ou tard, le dialogue doit s’enclencher et la vérité enfin révélée. Et là, certains enfants découvrent que leurs mères n’étaient pas « des filles de joie » mais simplement de jeunes filles à qui l’on a ravi cruellement l’honneur et la fierté de femme libre. Dans ces contextes, au lieu de les maudire, ces enfants décident de bénir leurs mères.  

Au nom de toutes ses femmes, ce texte est leur meurtrissure, leur combat face à la société remplie de préjugés, leur résilience à ne point se laisser anéantir par le vent d’un destin imposé. « Juin 1960-Juin 2020. Alors que nous célébrons le 60e anniversaire de l’indépendance de la RDC, je veux par ce texte rendre hommage à une catégorie de la population : celle qui n’a pas souvent l’occasion de s’exprimer mais dont les histoires méritent d’être racontées pour que l’on apprenne certes mais surtout pour que l’on agisse. Ensemble, concrétisons cette indépendance acquise il y a 6 décennies et travaillons pour que les droits et libertés de chaque Congolais soient assurés, affirmés et respectés », avait partagé la jeune femme sur la toile.

Cette triste réalité n’est pas qu’observée en RDC mais partout dans le monde. Selon Sarah Tshal Tshihut, certaines femmes ne savent pas consoler car elles n’ont jamais reçu consolation. Elles pourraient aider les autres à guérir si elles-mêmes avaient reçu guérison. Ainsi, elle appelle à un accompagnement adéquat pour toutes ces victimes d’abus sexuel et à la lutte intensive contre cette barbarie commise à l’égard de la femme.

Courte vidéo de 6 mn 46 sec, « J’ai maudit ma mère » a été largement partagée par de nombreux internautes sur Facebook, Instagram et YouTube. De par ses vidéos expressives et ses textes touchants, Sarah Tshal Tshihut use de sa voix pour dire haut ce qui se dénonce en secret.

Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

Sarah Tshal Tshihut, auteure de la vidéo "J'ai maudit ma mère"/DR

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