Sommet du G20 : les grandes puissances divisées sur l’intervention militaire en Syrie

Samedi 7 Septembre 2013 - 12:31

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Pendant deux jours, les partisans d’une frappe imminente menés par le président américain, Barack Obama, ont en vain cherché des soutiens. Une fois de plus, Ils se sont heurtés à une résistance des dirigeants russe et chinois

Les États-Unis sont pour, la Russie est contre : l’intervention militaire en Syrie divise plus que jamais les grandes puissances mondiales. Le G20 est maintenant scindé en deux sur cette question au terme du sommet tenu les 5 et 6 septembre à Saint-Pétersbourg. Onze pays, dont les États-Unis en tête de file, se sont dits favorables à une « réponse internationale forte » contre le régime de Bachar al-Assad, accusé d’avoir utilisé des armes chimiques le 21 août près de Damas.

La Chine et la Russie, continuent comme elles le font depuis le début du conflit, à exclure toute autre solution que « politique », donc de facto à soutenir le régime de Damas. Au Royaume-Uni, David Cameron a été stoppé par une fin de non-recevoir infligée par le Parlement. Le Premier ministre entend mettre tout en oeuvre pour favoriser la constitution d’une coalition pour une intervention. Le Royaume-Uni n’exclut pas de fournir des armes aux rebelles. L’Arabie saoudite et la Turquie, voisine de la Syrie et membre de l’Otan, prônent toutes deux une opération musclée, bien qu’en termes militaires leur engagement serait limité.

Le Canada et l’Australie pourraient jouer les soutiens politiques qui font défaut au duo franco-américain. L’Australie, qui vient de prendre la présidence tournante du Conseil de sécurité de l’ONU, s’est dite prête à apporter son soutien de principe, avec ou sans mandat du Conseil de sécurité de l’ONU. Le Canada, plus réticent, s’est néanmoins dit prêt à soutenir l’intervention. Ni l’un ni l’autre ne participeraient militairement.

Dans le camp de ceux qui hésitent, plusieurs États temporisent en s'en remettant à l’ONU, où l’adoption d’une résolution reste incertaine tant que les Russes, alliés de Damas, bloqueront toute unanimité au Conseil de sécurité. C’est le cas notamment de l’Italie, qui a très tôt pris ses distances. Toutefois, Rome n’a pas exclu de mettre à la disposition de ses alliés ses bases aériennes. L’Allemagne a une position incertaine. La chancelière Angela Merkel a jusqu’ici rejeté toute intervention militaire.

’Amérique du Sud et centrale sont unanimement opposées à une intervention, hormis le Mexique qui se montre plutôt favorable dans le sillage des États-Unis, quoique sur la réserve. Son ministre des Affaires étrangères, José Antonio Meade, a qualifié une intervention d’« importante et urgente », tout en soulignant qu’il fallait épuiser les possibilités d’investigations de l’ONU.

Dans le camp des contre, l’Argentine a proposé « une intervention humanitaire mais sans objectifs ni moyens militaires, et sous mandat (de l’ONU) ». Le Brésil a fait savoir qu’il n’appuierait pas une action militaire décidée sans l’accord de l’ONU. De même que l’Espagne, qui a le statut d’invité permanent au G20 et dont le gouvernement est surtout occupé à essayer de sortir le pays de la crise.

Washington et Paris avaient réaffirmé que les éventuelles frappes visent non pas à renverser le président Bachar al-Assad, mais à le dissuader de recourir de nouveau à son arsenal chimique.

Yvette-Reine Nzaba