Soudan du Sud : le Conseil de sécurité demande une enquête et des sanctions sur le massacre de Bentiu

Mardi 22 Avril 2014 - 12:06

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La représentante permanente du Nigéria auprès des Nations unies, Joy Ogwu, qui préside le Conseil de sécurité pour le mois d’avril, a condamné, dans une déclaration rendue publique le mardi 22 avril, les attaques conduites la semaine dernière par des rebelles contre le camp de la mission des Nations unies au Soudan du Sud, à Bor et dans la ville de Bentiu, faisant plus d’une centaine de morts selon des sources concordantes

Dans ce texte, le conseil souhaite que des mesures soient prises pour « enquêter sans attendre sur ces actes abominables » afin de traduire leurs auteurs devant la justice. « Les membres du Conseil de sécurité se sont déclarés scandalisés par les récentes attaques perpétrées au Soudan du Sud par des groupes armés qui s’en sont pris délibérément à des civils ainsi qu’aux sites et au personnel de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss) », a souligné Joy Ogwu.

Le chef des opérations humanitaires de l’ONU au Soudan du Sud, Toby Lanzer, a confirmé qu’il y avait eu de nombreux morts à Bentiu. « Ce que j’ai vu sur le terrain, c’est une succession d’endroits où des gens ont été exécutés. Ils ont été ciblés de manière très délibérée [...]. Que ce soit au marché, près de l’hôpital, dans des églises ou dans d’autres sanctuaires religieux, c’est une immense vague de violences qui a déferlé sur la ville », a-t-il indiqué.

Pour le Conseil de sécurité, « s’attaquer à des civils et à des soldats de la paix de l’ONU peut constituer un crime de guerre ». Il a appelé le pouvoir et les rebelles à laisser la MINUSS s’acquitter intégralement de son mandat et a demandé à toutes les parties de s’abstenir de tout acte ou déclaration susceptible d’envenimer davantage encore la situation. Soulignant que le Soudan du Sud méritait de vivre en paix, le conseil demande au gouvernement de ce pays « de prendre immédiatement les mesures qui s’imposent pour assurer la sécurité de tous les civils et la protection des sites civils par la MINUSS. »

Sur le plan humanitaire, l’ONU fait face chaque jour à la pression, de plus en plus forte, de dizaines de milliers de déplacés qui ont trouvé refuge tant sur les bases de Casques bleus qu’ailleurs. Ce qui pose de gros problèmes d’eau et de conditions sanitaires sur place.

Le conflit au Soudan du Sud a éclaté le 15 décembre à Juba, la capitale, par des combats opposant l’armée sud-soudanaise aux troupes restées fidèles à l’ex-vice-président Riek Machar. Il s’est ensuite propagé au reste du pays, et a déjà fait environ 10 000 morts et quelque 900 000 déplacés.

Malgré un cessez-le-feu signé le 23 janvier, les combats entre les deux camps ont réveillé les démons de la division accentués par des rivalités ethniques entre peuples Dinka et Nuer, les deux principales communautés du pays, dont sont respectivement issus l’actuel président sud-soudanais Salva Kiir et l’ex-vice-président Riek Machar.

Nestor N'Gampoula