Souvenir, souvenir

Samedi 14 Mai 2016 - 22:00

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Il y a des faits qui ont marqué l’humanité. Des événements dont on ne peut pas ne pas se souvenir. Des dates gravées dans la mémoire collective pour lesquelles, les esprits sensés donnent toujours écho à leurs justes dimensions. Le 10 mai 2001 est l’une d’elles qui nous rappelle l’abolition de l’esclavage dans les départements français d’outre-mer. Le président de la République française, François Hollande, n’a pas dérogé à la tradition inaugurée il y a dix ans par Jacques Chirac, ancien président.

En effet, lorsqu'en 1696, Colbert, institutionnalise l’esclavage dans les départements français, ce macabre commerce avait déjà pris corps en 1510, orchestré par les Éspagnols qui avaient acquis la coutume d’arpenter le Golfe de Guinée. Cette déshumanisation de la race noire a duré 300 ans. La pratique a vidé le continent africain de ses enfants les plus valides. Gaston Monnerville, président du Sénat, lui-même fils d’esclave s’était levé contre toute forme de servitude humaine. C'est le 10 mai 2001, que madame Christiane Taubira a lutté contre vents et marées pour faire passer cette loi qui reconnait la traite négrière comme un crime contre l'humanité en France.  C'est la loi Taubira.

En vérité, ceci est le couronnement d’une lutte acharnée, menée depuis des générations. Des personnages comme Louis Delgrace, officier français qui avait inscrit sur un mur le dernier cri de l’innocence et du désespoir. De Toussaint Louverture qui a lutté à Saint Domingue, à son temps revendiquant la paix et faisant appel à la fraternité. C'est un grand symbole, que de rendre hommage à toutes ces figures de la lutte contre l’esclavage et la traite négrière, à ces combattants de la liberté des noirs. L’occasion de louer le courage de Fabrice Imbert, de Louis Delgrace qui se sont levés contre Napoléon quand ce dernier a voulu réinstaurer la traite des noirs dans les colonies françaises.

Aussi, l’occasion de saluer la mémoire de Frédéric Douglas, Mizy Matthieu, Jacques Stéphane Alexis, Suzanne Roussi, Joséphine Baker, Victor Schoelcher qui avaient donné de la voix, chacun à son temps ainsi que d’autres qui ont payé de leur vie, à l'instar du révérend père Martin Luther King ou de Malcom x appelé le noir le plus en colère.

Cela sans oublier des anonymes comme, le clown Chocolat dont l’histoire a été portée au cinéma, magistralement incarné par Omar Sy, ou Rosa Parks dont l’entêtement et le refus de céder sa place à une blanche occasionna le premier boycott des bus qui avait duré 381jours et a conduit au Walk For Freedom.

Pour revenir à la célébration du 10 mai tenue au Jardin du Luxembourg, où une stèle et un monument symbolique sont érigés, représentant une chaîne, symbole de la souffrance et de l’enfermement de tout un peuple et de toute une race.
Le président de la République française, François Hollande était entouré de Gérard Larcher, président de l’Assemblée nationale, madame Najat Valau Belkhacem, ministre de l’Education nationale, madame Taubira, ancienne ministre de la Justice et garde des sceaux, le révérend Père Jesse Jackson comme hôte d’honneur ainsi que madame Myriam Codillard, l’organisatrice de la cérémonie.

A leur arrivée à 10h, l’organisatrice conduit la suite officielle sous un chapiteau dressé pour la circonstance, avant de procéder à la visite d'une galerie photos des personnalités qui ont marqué l’humanité pour leur lutte contre toute les formes de domination et esclavage. Non sans s’offrir un bain de foule.
Ensuite, vint le moment des mots où chacun tour à tour a tonné de sa plus belle verve oratoire pour saisir le public encore froid.
Madame Georges Paul Langevin , ministre des Colonies d’Outre-mer a ouvert le bal dans une homélie saisissante, sans détour pour parler de l’historicité de l’événement et de cette date symbolique.

A son tour le Révérend Père a gratifié l’auditoire de sa puissante voix propre aux ecclésiastiques. Il a ému la foule. Quinze minutes d’émotion pour que le ministre de Dieu ramasse l’histoire de la souffrance du peuple noir.   Le président du Sénat avec sa forte conviction et d’une voix sévère a stigmatisé tout le mal qu'a produit la traite des noirs et exhorté l’humanité à prendre des mesures pour éviter toute forme de dérive, invitant la France au respect de ces idéaux. 

C'est le président Hollande qui a clôturé la séance des interventions. Sans langue de bois, il a témoigné sa gratitude à l'ex- Garde des Sceaux, à mesdames Maryse Condé, Georges Paul Langevin, Cotillard et les autres pour la qualité du travail accompli.   Il a une fois de plus invité l’humanité à plus de fraternité avant de stigmatiser le terrorisme et toute forme d’oppression rappelant les 22 millions de personnes qui vivent de nos jours sous le joug de l’esclavage. Il a fait chorus au rêve du Révérend   King dans son célèbre discours « I have a dream» lorsqu'il disait: « I have a dream that one day, the sons of former slaves and former slave, will be sitdown together at the table of brotherhood».

Le point d’orgue de la cérémonie fut le moment où une chorale de jeunes a entonné l’hymne nationale française appelée la Marseillaise fortement ovationnée par la foule.

 

Alain Zoka

Légendes et crédits photo : 

CP/DR

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