Spectacle : coup de projecteur sur le mythe du sauvage noir d’avant l’indépendanceMardi 10 Décembre 2019 - 15:00 Anioto, les hommes léopards - Nkoymagie, la nouvelle création inédite est un théâtre-documentaire de l’administrateur du Studio Malemba Maa, le cinéaste Jean-Michel Kibushi, qui met en lumière un pan de l’histoire coloniale du Congo-belge dont la représentation offerte aux visiteurs de l’AfricaMuseum de Belgique a été reprise dans la bande dessinée Tintin au Congo en 1931. Après la dizaine de représentations qui ont suivi la première du 20 novembre au Centre culturel congolais le Zoo, Anioto, les hommes léopards - Nkoymagie revient au nouveau Musée national de la République démocratique du Congo (RDC) pour deux dernières, les 14 et 15 décembre. Le Studio Malembe Maa et Jean-Michel Kibushi ont voulu différente la représentation finale du 15 décembre. En effet, un débat est programmé à l’issue du spectacle sur les stéréotypes du mythe du sauvage noir généré par la propagande coloniale. Cette discussion va réunir chercheurs en sciences humaines, historiens, sociologues, anthropologues ainsi que doctorants et étudiants en licence, mais aussi juristes, artistes, sportifs et même des tradipraticiens. Titulaire d’un master en média audiovisuel-arts du spectacle, Jean-Michel Kibushi a mis en scène le théâtre-documentaire Anioto, les hommes léopards - Nkoymagie. Il semble que c’est la première fois que l’histoire des hommes-léopards soit ainsi mise en exergue par les Congolais. En effet, ces personnages mythiques présents dans la culture populaire depuis l’œuvre d'Hergé, le célèbre auteur belge de bandes desinées, a pérennisé le thème de la société secrète qui a aussi inspiré plusieurs autres œuvres du neuvième art. Quant à la nouvelle création congolaise née d’une collaboration de Jean-Michel Kibushi avec le Studio Malembe Maa, elle est sur tout point de vue différente de ces dernières. En effet, le cinéaste, doctorant en art et sciences de l’art, a mis en scène « un spectacle total, syncrétique et hybride » où, dit-il, « la logique coloniale s’affronte aux réalités immuables de la tradition des sectes ésotériques ». Pour réaliser cette œuvre, « une fusion de la réalité et de l’imaginaire », il a choisi de mêler le jeu d’acteur aux archives coloniales, photographies et films, à des séquences animées et des témoignages. Société secrète D’un point de vue historique, les Anioto ou anyoto appelés hommes-léopards faisaient partie d’une société secrète du nord-est de la RDC établie dans la région des Babali du Haut Aruwimi. Actifs à l’époque du Congo-belge, il leur était reproché la pratique de l’assassinat rituel simulée en une attaque de léopard dont la motivation première serait la vengeance contre des collaborateurs du régime colonial. Dans le spectacle Anioto, les hommes léopards - Nkoymagie, il est justement question de prévenus anioto, un chef médaillé et ses complices qui font face à la justice coloniale lors d’une série d’audiences publiques. Le costume d’anioto que l’on retrouve à l’AfricaMuseum faisait autrefois partie de l’exposition permanente du Musée royal de l’Afrique centrale de Tervuren. Depuis la rénovation, il est au nombre de la dizaine de sculptures qui en sont désormais exclues et donnent un aperçu de l’histoire coloniale. Du reste, lors des visites, les guides mentionnent bien le fait qu’elles servaient à la glorification de la colonie et de ses fondateurs, démarche dont s’est totalement démarqué le musée rénové depuis son ouverture l’an dernier. C’est donc dans le dépôt des sculptures que sont assemblées ces œuvres qui contribuaient autrefois à la perception que la colonie voulait donner au public de l’Afrique et des Africains en créant le mythe du sauvage noir.
Nioni Masela Légendes et crédits photo :1 - Le spectacle Anioto, les hommes léopards - Nkoymagie
2- Le costume d’anioto dans le dépôt des sculptures de l’AfricaMuseum / DR)
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