Sportissimo. La gestion des Sports en RDC, un dossier accablant qui attend Sylvain Ilunga

Jeudi 23 Mai 2019 - 22:10

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La récente prise en otage des pugilistes burundais au Gabon, après le championnat d’Afrique centrale de boxe, nous a mis la puce à l’oreille. L’on ne peut comprendre qu’une délégation officielle des sportifs, munie d’un ordre de mission du gouvernement burundais, n’arrive pas à couvrir les frais de participation à une compétition souscrite avec l’engagement de l’Etat et se faire prendre ainsi en otage pour une somme de trois millions de francs CFA. Plus est, c’est le président de la Fédération burundaise de boxe qui aurait pris en charge les frais de déplacement, en lieu et place de l'Etat. Allez-y comprendre cette aventure de gestion sportive ! De telles fatalités sont légion en Afrique subsaharienne, particulièrement dans le Bassin du Congo. Il n’est pas étonnant que, dans de telles circonstances, certains athlètes prennent la poudre d’escampette pour d’autres cieux.

Cette brèche ouverte nous incite à parler du système de gestion du mouvement sportif en République démocratique du Congo (RDC), condamné à se faire guérir par la cure qui sera imprimée par la vision du chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, par le biais du nouveau Premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba.

Déboulonner la fameuse " opération retour" 

Il n’est point de se leurrer : le sport en RDC est loin d’être une école de loyauté, de solidarité, de fair-play, du moins d’unité nationale. Il est siamois à la politique où l’enrichissement illicite a placé les maffieux au firmament de la hiérarchie sociale et politique. L’idéal olympique violé et foulé aux pieds. La politique de « Ôte-toi de là que je m’y mette » a battu son plein quand bien même il s’agit de l’immoralité, de la tricherie et de fraude maquillant l’incompétence et la médiocrité sans vergogne de la plupart de dirigeants sportifs à quelques exceptions près. Il suffit d’un coup d’œil rétrospectif pour être convaincu de cette évidence, malheureusement impunie à dessin pour des besoins de la cause.

Les élections dans le mouvement sportif national congolais se monnayaient à coup d’argent, faisant l’affaire des corrupteurs et des corrompus au mépris de l’éthique olympique et des textes en vigueur en la matière. Les différents ministres ayant eu la charge de la jeunesse et des sports ont terni l’image de marque du pouvoir durant les deux mandats de l’ex-président Joseph Kabila Kabange. Partie prenante à ce fléau qui dérivait de tant d’autres antivaleurs, ils cautionnaient la corruption à haute échelle au Comité olympique congolais et dans les fédérations sportives nationales. Si les membres du mouvement sportif national étaient sérieux et responsables de leurs actes, ils n’auraient pas élu et reconduit dans leurs organes dirigeants des maffieux. Aussi paradoxalement que cela puisse paraître, ces maffieux se sont perchés au sommet du sport congolais sans encourir une moindre inquiétude. Flibustiers des temps modernes, ils excellaient dans un système dit « opération retour » avec des prélèvements de gros montants sur les frais destinés aux fédérations pour les missions sportives qu’ils recyclaient dans une chaîne, et les ministres n’en étaient pas étrangers. La presse avait beau dénoncer ces pratiques avilissantes sans que le procureur général de la République et ses substituts ne se saisissent de ces dossiers pour en sortir des infractions passibles à des poursuites judiciaires. Ils étaient bonnement silencieux.                       

L’impunité, une excellence

Rien d’étonnant et c’était à la mode sous le régime passé, l’impunité dans le sport était traitée en excellence, les estafettes des ministres huppés au cabinet sempiternellement et dans certaines fédérations sportives nationales ainsi qu’au Comité sportif congolais se permettaient le luxe de ponctionner sur les frais de délégations sportives pour les recycler dans la fameuse « opération de retour ». Les ministres ne pipaient mot du fait que leurs comptes étaient gracieusement garnis. Ces gens comme des électrons libres planaient allégrement dans le ciel de la maffia, adulés par une classe bénéficiaire de ces retombées. Les cas étaient légion et continuent d’étonner et de scandaliser plus d’un Congolais sur les détournements et le faux en écriture de cette bande spécialisée dans ce système sans foi ni loi. Le Premier ministre aura intérêt, avec son ministre de Sports, de commencer par auditer dans ce secteur avant de se lancer en plein exercice des fonctions qui leur sont dévolues par le président de la République, préoccupé par l’instauration d’un Etat de droit où la justice aura droit de cité, pour séparer le bon grain de l’ivraie. Le déboulonnement du système maffieux décrété par le chef de l’Etat ne peut en aucun cas épargner le système de gestion du sport congolais.

 

 

Pierre Albert Ntumba

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