Sud-Kivu : une usine de café verra le jour en décembre prochain

Jeudi 5 Octobre 2017 - 15:44

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La construction de l'usine va booster considérablement la production caféière dans l’espace kivutien. Elle permettra surtout de s’attaquer plus vigoureusement à la fraude, le principal mal qui ronge le secteur. La nouvelle arrive au bon moment pour la filière, avec une production annuelle qui dépasse les 100 000 tonnes par an dont plus de 4 000 provenant de la province voisine du Nord-Kivu.

L’Est de la RDC est en voie de se doter d’une usine de café d’ici à décembre 2017. L’intérêt d’investir dans la construction d’un tel ouvrage dans une province présentée jadis comme le grenier agricole de la RDC est d’abord pour mieux combattre la fraude, un terrible frein aux efforts de redynamisation de la filière. En effet, cette partie du territoire national est réputée pour produire un café de bonne qualité tant au niveau de sa saveur que de certaines de ses caractéristiques spécifiques. Outre ses deux grandes réserves forestières et ses produits miniers qui constituent ses principales richesses, le Sud-Kivu dispose aussi des réserves en poissons, des lacs et rivières ainsi que des produits agricoles dont le caoutchouc, le cacao, le thé, le café et l’huile de palme. Les vastes étendues d’espaces cultivables offrent aux partenaires et producteurs les conditions idéales pour développer certaines cultures comme le café, le thé et le quinquina. Dans l’axe Mudaka, à 11 km de la capitale de Bukavu, la capitale de province, l’on y trouve les plus fortes productions de café et de haricot.

Selon l’Office national du café, cette usine doit pousser les habitants à investir davantage dans la filière du café. Pour la petite histoire, le Kivu a vu ses premiers commerçants s’adonner à la production de certains produits comme le café. Cette filière constituait la première richesse économique de certaines villes de l’est du pays. Les autochtones ont démarré leurs activités par la production du café, du thé et du quinquina, avant de devenir, pour la plupart, des importateurs des produits manufacturiers. Beaucoup de producteurs attendent toujours une démocratisation du crédit agricole pour pouvoir s’y lancer de nouveau. Par ailleurs, prenant conscience des besoins dans le secteur, certaines banques du pays dont la Pro-crédit Bank ont accordé des petits crédits à des organisations agricoles spécialisées dans l’achat du café. Sur un plan pratique, ce type de crédit permet d’accéder au café en provinces. Concrètement, l’organisation utilise cet argent pour acheter le café déjà produit à l’intérieur du pays. Grâce à cet argent, il peut aussi s’acquitter des frais d’exportation ou d’empotage. Les montants accordés ont dépassé parfois les 60 000 dollars américains, à rembourser dans les délais plutôt serrés. L’appui des banques est crucial pour permettre à ces organisations de passer à des quantités plus importantes à exporter.

Les chiffres continuent de prouver ce regain d’intérêt sur la production du café en RDC. L’on est passé de 8 000 à 120 000 tonnes par an. Ce qui n’est pas rien. Mais la tâche n’a pas été facile et les difficultés restent encore nombreuses. Il y a, par exemple, nous le disions tout à l’heure, le difficile accès au crédit agricole pour les producteurs contraints de vendre leurs produits à vils prix aux organisations spécialisées qui viennent avec du cash. À cela, il faut ajouter l’insécurité dans les zones de production et surtout la fiscalité trop lourde. L’avenir de la filière dépendra des mesures visant à mettre fin à toutes ces contraintes qui empêchent l’éclosion de la filière du café.

Laurent Essolomwa

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