Surpopulation : l’Afrique va exploser

Jeudi 20 Août 2015 - 18:06

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L’organisation américaine Population reference bureau (PRB), a publié le 18 août son rapport sur la démographie en Afrique. Selon ses projections,  trois pays africains figureront parmi les dix pays les plus peuplés au monde en 2050.

Dans 35 ans, précise le rapport, le Nigeria sera le quatrième pays le plus peuplé au monde, avec 400 millions d’habitants. La République démocratique du Congo (RDC) et l’Ethiopie vont intégrer le classement des dix pays les plus peuplés de la planète avec plus de190 millions d’habitants pour le premier et 165 millions d’habitants pour le second. Derrière ces trois pays, l’Egypte, la Tanzanie, le Soudan ou encore l’Ouganda feront partie des vingt pays les plus peuplés au monde en 2050.

D’après les estimations des Nations unies, la population de l’Afrique pourrait quadrupler, passant de 1 milliard actuellement à 4,2 milliards en 2100. Le continent africain pourrait compter à lui seul entre trois et quatre fois plus d’habitants que la planète toute entière.

L’accroissement devrait être particulièrement important en Afrique intertropicale. C’est en effet là-bas que les femmes ont  plus d’enfants, même si  le taux de fécondité est en baisse. Par exemple, le Nigeria compte aujourd’hui 170 millions d’habitants, soit près de deux fois moins que les Etats-Unis, qui en comptent 315 millions. Vu l'augmentation du taux de natalité, la population du Nigeria pourrait dépasser  celle des Etats-Unis  avant 2050.   Le Nigeria  pourrait devenir après 2100, le deuxième pays le plus peuplé au monde, derrière l’Inde.

Pour le directeur du centre de l’OCDE, (Organisation de coopération et de développement), Mario Pezzini, cette forte croissance démographique constitue à la fois une opportunité et une menace pour l’Afrique.

«La croissance démographique va ressembler à celle des Indiens et des Chinois en valeur absolue mais pour l’Afrique, cela correspond à un doublement. Si l’on sait l’utiliser cela peut procurer d’énormes avantages puisqu’on estime en Chine et en Inde à 40% la part de la croissance due à la démographie. Par contre, il faut aussi l’absorber. Une des solutions serait de créer des emplois publics, mais l’assiette fiscale est trop réduite. En Egypte on a calculé qu’il faudrait 180 000 emplois publics par an, c’est impossible », estime-t-il.

Le taux de fécondité ?

La hausse de la fécondité en Afrique, pour l’instant plus lente que celle observée il y a quelques décennies en Asie et en Amérique latine, ne vient pas d’un refus de la contraception. Beaucoup de femmes africaines, même à la campagne, souhaitent limiter ou espacer leurs naissances, mais souvent elles ne bénéficient pas de services adaptés pour y arriver.

Les programmes nationaux de limitation des naissances sont peu efficaces. Ils manquent de moyens, sans parler du manque de motivation. Beaucoup ne sont pas persuadés de l’intérêt de limiter les naissances, y compris au plus haut niveau de l’Etat. C’est là l’une des différences avec l’Asie et l’Amérique latine des années 1960 et 1970, et l’un des obstacles à lever si l’on veut que la fécondité baisse plus rapidement en Afrique subsaharienne.

Dans ce continent ravagé par l’épidémie de Sida et d’Ebola, la mortalité a temporairement baissé et l’espérance de vie augmenté. Mais la fécondité y est encore élevée avec plus de cinq enfants par femme. L’Afrique est donc encore en pleine transition démographique.

Le lourd tribut payé par l’Afrique à l’épidémie de Sida n’aura  guère remis en cause sa vitalité démographique, même avec une croissance ralentie pendant un moment.

Avec x habitants et x naissances, le virage qui attend les Etats africains, au cours des prochaines décennies, est donc déterminant pour leur avenir.

Yvette Reine Nzaba

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