Territoire de Yumbi : la réponse humanitaire évaluée à environ vingt millions de dollars

Jeudi 28 Février 2019 - 17:38

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Des spécialistes ont estimé les besoins de plus de quinze mille personnes sinistrées après des violences dans la localité à hauteur de 20,4 millions de dollars étalés sur neuf mois .

Photo ACTUALITE.CD

 Le plan de réponse déjà en œuvre connaît un taux de financement de 22%, apprend-on. Les acteurs humanitaires sont, d’ores et déjà, déployés pour lancer les interventions d’urgence sous forme de vivres, abris d’urgence, articles ménagers essentiels, etc. Les interventions en eau, assainissement et hygiène sont également prévues dans le cadre du Fonds humanitaire qui, par ailleurs, tend à renforcer la dimension multisectorielle de la réponse dans les secteurs les plus critiques.

Des souvenirs douloureux

Sur place à Yumbi, la vie est loin de reprendre son cours normal. Les souvenirs atroces de la tragédie vécue par les habitants sont encore très vivaces. Le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme en RDC (BCNUDH) n’exclut pas l’hypothèse du crime contre l’humanité au regard des tueries ayant émaillé les affrontements de décembre 2018 entre les communautés antagonistes de Banunu et Batende.

Pour Abdoul Aziz Thioye, directeur du BCNUDH, qui s’exprimait le 27 février en conférence de presse, au moins cinq cent trente-cinq personnes ont péri et plus d’une centaine ont été blessées au cours de ces événements. « Un certain nombre de corps aussi ont été emportés par le fleuve, ce qui rendait un peu difficile d’avoir un chiffre au-delà du chiffre initial qui avait été annoncé (...). Ce qui est évident, c’est que l’attaque était planifiée et organisée. Nos conclusions principales, c’est de dire effectivement qu’il y a des éléments constitutifs de crime contre l’humanité », a-t-il indiqué. Et d’ajouter : « Une équipe arrivée pour le Kasaï pourrait être mise à profit pour aller regarder dans les fosses, un peu plus en détails, la cause de décès de ces nombreuses personnes qui ont été enterrées à la fois dans les tombes communes et dans les tombes individuelles identifiées au cours de la mission d’enquête ».

L’humanitaire, une priorité

Au niveau de la présidence de la République, c’est le volet humanitaire qui passe pour une priorité. Il est question, pour l’heure, d’organiser le retour à Yumbi des seize mille personnes ayant fui la ville à cause des violences. Une mission pluridisciplinaire est chargée de se rendre sur place pour s’atteler à cette tâche avec, en son sein, des éléments de génie militaire censés construire des abris. Dans la foulée, il est annoncé le déploiement à Yumbi de deux cents policiers venant de Kinshasa pour assurer la sécurité de la population et y maintenir l’ordre public. Entre-temps, l’on apprend que des missions de bons offices sont à pied d’œuvre pour tenter de réconcilier les deux communautés locales, les Banunu et les Batende, et préparer le retour de la population de Yumbi.   

Les législatives partielles confirmées pour le 31 mars

Par ailleurs, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a confirmé la tenue des élections législatives nationales et provinciales à Yumbi (Maï-Ndombe), Beni ville, Beni territoire et Butembo (Nord-Kivu) pour le 31 mars. Celles-ci avaient été reportées dans ces quatre circonscriptions pour des raisons d'insécurité et de menace de la maladie à virus d'Ebola. Mais Il s’avère qu’à Yumbi, les choses ne sont pas aussi simples au regard de l’état apocalyptique dans lequel ploie ce territoire depuis les tristes événements de demi-décembre 2018. La Céni aura fort à faire pour remettre en état son administration réduite au dysfonctionnement après le pillage de ses centres et bureaux de vote. A cela s’ajoute l’absence des électeurs potentiels dans une ville totalement désertée où plus de la moitié des habitants (près de seize mille personnes) a trouvé refuge au Congo Brazzaville et sur les ilots au milieu du fleuve Congo.  Nonobstant cette situation délétère, la Céni se veut rassurante et n’entend pas abdiquer dans son obstination à organiser le vote en fin mars dans ce territoire où tout est à refaire.

Pour rappel, l’inhumation du chef traditionnel des Banunu dans la concession familiale, à côté de son prédécesseur et père, aurait déclenché les tueries de mi-décembre 2018, en pleine campagne électorale, jusqu’à vider le territoire de sa population. La Monusco a parlé de plus de huit cents morts. Un vieux conflit foncier oppose, en effet, depuis l'époque coloniale, les Batende aux Banunu, les premiers déniant aux seconds le droit du sol dans le territoire de Yumbi. L’affrontement entre les deux communautés a failli enrayer de la carte cette partie du pays en raison des dégâts provoqués.  

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Une maison incendiée à Yumbi

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