Tradition et parité : cas de la gestion d’un foyer

Jeudi 5 Mars 2020 - 21:59

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L’égalité entre l’homme et la femme, une idée qui aujourd’hui semble en quelque sorte « naturelle ». Cette idée implicite, inscrite dans la déclaration des droits de l’homme de 1789, selon laquelle «Les hommes naissent et demeurent égaux en droits et devoirs », semble ne pas embrasser toutes les tendances socioculturelles.

La séparation des tâches dans un foyer reste très sexuée. En politique comme à la maison, la parité et l’égalité hommes-femmes demeurent encore un sujet mitigé.

Les femmes toujours plus impliquées que les hommes

 Ménage, linge, courses, cuisine, éducation et soins apportés aux enfants. Les femmes continuent de s'acquitter d'une grande partie de ces tâches domestiques. La contribution des maris aux activités domestiques et de soins continuent d’être faible.

L'homme se consacre plus facilement à son travail dans la journée et reprend son rôle de père en rentrant. La femme, elle, est en continu. « Il ne faut pas s’attendre à voir un homme en cuisine pendant que la femme est assise au salon en train de regarder la télé, cela ne cadre pas avec nos habitudes », déclare Jospin, un passant interrogé.

L’égalité dans la sphère domestique est loin d’être atteinte alors qu’elle progresse dans l’univers professionnel. Malgré les avancées en matière d'égalité hommes-femmes, le poids des traditions pèse toujours sur la balance.

Charge financière du foyer entre modernité et tradition

Bien qu'il y ait la montée de l'activité professionnelle féminine, bon nombre de femmes considèrent que leurs revenus demeurent un bien personnel. « Le monde évolue et les mentalités ne doivent plus être les mêmes en ce sens que la femme actuelle doit cesser d’avoir des pensées arrêtées. Certes l’homme porte la culotte, c’est le chef de famille mais rien n’interdit à la femme de participer aux dépenses du foyer. La femme peut très bien aider son mari cela soulagerait ce dernier. Ce n’est pas une obligation certes mais la modernité voudrait que l’organisation du foyer soit tout autre et loin de ce qui était fait à l’époque de nos grands-parents », déplore Marcel, un fonctionnaire.

Nombre de femmes considèrent que leur contribution aux dépenses ménagères n’est pas une obligation mais une aide qu’elles apportent à leur mari, selon leur vouloir. « Si les hommes, aujourd’hui réclament que nous mettons un peu plus la main à la pâte lorsqu’il s’agit du portefeuille de la maison, pourquoi ils ne peuvent pas faire pareil pour les tâches domestiques », s’interroge Micheline, une passante. Il y a autant de comportements que de situations financières. Quand les salaires des conjoints sont de même niveau, le couple négocie à fond à propos de « qui doit faire quoi ». Les négociations sont fonction du rapport de force. A cet effet, les clashs sont inévitables.

Mais quand la femme a un salaire ou des moyens plus consistants que ceux de l’homme, cela crée d’autres types de problèmes au couple. Selon certains hommes, une femme qui gagne plus que l’homme a plus d’ascendant, d’autorité et d’autonomie dans le couple. Elle s’érigera même en chef de famille. « Mon mari, licencié de son travail, n’a pas supporté que je dépense pour lui et les enfants. J’ai beau essayé de flatter son orgueil, il en a fait une véritable dépression », déclare Nicole, une commerçante. Généralement au Congo, l’homme assume l’essentiel des dépenses du foyer, mais quand la femme travaille également ou gagne plus que l’homme, les réflexes traditionnels jouent et cela crée des tensions qui peuvent déboucher sur des ruptures.

Petite évolution

On observe chez les couples jeunes, entre 25 et 35 ans un partage timide des tâches aussi bien sur le plan financier que domestique. Les femmes continuent à prendre en charge la majeure partie des tâches domestiques. Mais, dans certains couples, l'homme y participe davantage. Pour le jeune homme actuel ou la jeune femme contemporaine, tout part de l’organisation du couple, de comment il prévoit de gérer les charges de leur foyer, de leur entente dès l’instant où ils se sont engagés à vivre ensemble. Dans ces couples modernes, les femmes ont aussi souvent un niveau d'éducation élevé et un emploi bien rémunéré, ce qui les rend moins dépendantes économiquement de leur mari.

Durly Emilia Gankama

Légendes et crédits photo : 

Photos: Deux couples congolais lors de la cérémonie de mariage coutumier et à l'état civil

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