Transport en commun: femmes chauffeurs, le mythe n’est toujours pas brisé

Vendredi 28 Août 2020 - 12:53

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Elles restent largement minoritaires dans le secteur des transports en commun. Les femmes chauffeurs s’affranchissent peu à peu des barrières imposées par la société au regard de certains métiers, notamment celui de chauffeur de taxi ou de bus.

Au Congo-Brazzaville le bal s’est ouvert avec Virginie Nkouka, première femme chauffeur de bus. Après avoir vu son père routier conduire des poids lourds, sa grande sœur des bus de transports en commun en France, et son petit frère des semi-remorques, Virginie a, elle aussi, perpétué la tradition. La conduite, c’est une histoire de famille chez les Nkouka.

Virginie prend le volant pour la première fois en 2015. Après une formation auprès de la Société de Transport Public Urbain (STPU) du Congo, elle conduit un grand bus de 12,5 mètres, s’imposant ainsi dans un métier à prédominance masculine. Grâce à elle, les Congolaises réalisent que le métier de chauffeur n’est pas uniquement taillé pour les hommes.

Outre Virginie, il y a Nadège Saminou, employée en tant que conductrice au Programme alimentaire mondial en République du Congo. Nadège a d’abord fait des études de comptabilité avant d’exercer le métier de pompiste pendant presque quinze ans. Elle a ensuite saisi l’opportunité qui se présentait à elle lorsque la STPU cherchait des hommes et des femmes pour apprendre à conduire des grands bus. Au bout de trois mois de formation, elle a été finalement sélectionnée. Au rang des postulants, près de 600 personnes dont trois femmes chauffeurs.

En RDC, UbizCabs donne des ailes

Pour créer de l’emploi et rendre plus accessible le secteur de l’automobile aux femmes, Patricia Nzolantina, une entrepreneure congolaise, a créé UbizCabs, un service de taxis 100 % féminin basé à Kinshasa en RDC.

UbizCabs propose des courses de standing avec boissons, Wi-Fi, payement en ligne et commande de taxi sur une application mobile « Chaque voiture est dotée d'équipements gratuits, notamment d'une connexion Wi-Fi, de chargeurs de téléphone, d'une tablette avec Internet, d'une radio et de bouteilles d'eau fraîche », peut-on lire sur le site web UbizCabs.

La société utilise une technologie de pointe pour coordonner ses activités grâce à un système de surveillance des expéditions assisté par ordinateur, le premier du genre en RDC. « Notre mission est de fournir aux clients un système de transport en taxi fiable, rapide et sûr, en utilisant un modèle complet pour le paiement en espèces, par carte de débit en voiture et par abonnement », déclare l’initiatrice de UbizCabs via sa plateforme en ligne.

Étonnement et admiration

« C’est tellement rare au Congo. Quand j’étais dans les grands bus, l’engouement était total. Il y a des gens qui posent des questions, d’autres qui pensent que c’est vraiment osé, d’autres encore considèrent que c’est risqué, enfin, certains trouvent cela extraordinaire », déclarait Virginie Nkouka dans les colonnes du journal du Programme alimentaire mondial.

 « Il y a des gens qui ne savent pas que nous sommes les chauffeurs. Quand ils nous voient, ils s’étonnent. Ils s’exclament Oh ! Comment ça une femme ? C’est la première fois qu’une femme me conduit. Certains hommes m’encouragent beaucoup.  Ils disent que c’est bien. Leurs paroles me donnent le courage d’avancer, de prouver de quoi je suis capable », a –telle poursuivi.

Même tendance en RDC. A bord de leur Nissan rose et grise qui détonne au milieu des motos et des taxis jaunes, les conductrices en uniforme rose vif de UbizCabs ne passent inaperçues lorsqu’elles sillonnent les rues de la capitale.

Dans ces deux pays, où la conduite reste un métier d’hommes, les initiatives comme Taxi girl, UbizCabs mais aussi la bravoure de Virginie et Nadège appellent au changement de mentalité et se présentent comme un tremplin d’émancipation pour la femme, qui ne demande qu’à être encouragée.

Durly Emilia Gankama

Légendes et crédits photo : 

Photo1: La conductrice Virginie Nkouka/DR Photo2: Une des conductrices de Ubiz Cabs

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