Union africaine : Israël mis au ban

Jeudi 22 Février 2024 - 9:18

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L’Union africaine (UA) a retiré son statut d’observateur à Israël mais grâce à sa diplomatie active, l’Etat hébreu reste influent sur le continent.

En février de l'année dernière, lors du sommet de l’UA à Addis-Abeba, une délégation israélienne avait été expulsée de l’assemblée générale alors que s’engageaient les discussions entre les chefs d’Etat du continent. L’Afrique du Sud et l’Algérie, les deux pays à l’origine de la mise à l’écart des représentants israéliens, s’opposaient à la présence de l’Etat hébreu en tant que membre observateur au sein de l’organisation panafricaine. Mais la question n’avait pas été formellement tranchée. Un an après cet incident diplomatique, la guerre dans la bande de Gaza a mis un terme à ce débat. « Le dossier concernant l’accréditation d’Israël est clos », confie un haut cadre de l’UA. L’organisation a suspendu son statut d’observateur. Après une décennie d’efforts diplomatiques et deux ans après son accréditation, Tel Aviv est donc définitivement mis au ban de l’institution. A l’inverse, l’UA a déroulé le tapis rouge au Premier ministre de l’Autorité palestinienne, Mohammad Shtayyeh. « Les Palestiniens défendent leur pays comme vous, en Afrique, avez défendu vos terres contre le colonialisme », a-t-il lancé devant le parterre de leaders africains. Ces derniers n’ont pas retenu leurs coups au moment de condamner l’offensive israélienne, « la plus flagrante » violation du droit humanitaire international, selon Moussa Faki Mahamat, qui accuse Israël de vouloir « exterminer » les habitants de Gaza.

La décision de la CIJ contre Israël célébrée à l’UA

Le président comorien, Azali Assoumani, a tenu à remercier l’Afrique du Sud d’avoir porté plainte auprès de la Cour internationale de justice (CIJ) pour dénoncer « le génocide qu’Israël est en train de commettre sous nos yeux ». En janvier, les juges de la CIJ ont donné raison à Pretoria, qui avait porté une requête, fin décembre 2023, accusant Israël de génocide contre les Palestiniens de Gaza. « C’est un des plus grands coups d’éclat de la diplomatie africaine », estime Liesl Louw-Vaudran, chercheuse au sein de l’International Crisis Group. Une victoire célébrée par les représentants de Prétoria à Addis-Abeba. Mais passé l’euphorie, la ministre des Affaires étrangères sud-africaine, Naledi Pandor, s’est inquiétée « de la présence de représentants israéliens dans les locaux de l’Union africaine ces derniers jours ».

Israël, un Etat influent sur le continent

Si Israël est désormais officiellement banni de l’UA, l’Afrique se divise toujours autant à son sujet. En témoigne le vote de la résolution appelant à une trêve humanitaire immédiate à Gaza, aux Nations unies, le 27 octobre 2023. Trente-huit pays africains l’avaient soutenu mais sept s’étaient abstenus. L’influence israélienne reste, en effet, importante sur le continent, fruit d’une offensive diplomatique de longue haleine, menée par le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, lors de la décennie écoulée. Ces dernières années, les efforts d’Israël ont débouché sur la normalisation de ses relations avec de nombreux Etats ainsi qu’une coopération renforcée dans le domaine de la défense et de la sécurité. Le Maroc, le Ghana, la République démocratique du Congo, le Rwanda et le Kenya sont cités parmi les plus proches collaborateurs d’Israël sur le continent. Des partenariats noués en échange d’un soutien en matière de cybersécurité – incarné par la vente du logiciel espion Pegasus (de la société israélienne NSO Group) – ou d’accords de coopération militaire, comme la vente et le projet d’assemblage de drones israéliens au Maroc.

Noël Ndong

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