Ville morte à Kinshasa : les activités ont tourné au ralenti

Mardi 8 Août 2017 - 16:59

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La capitale de la RDC s’est réveillée timidement le matin du 8 août, journée décrétée morte par le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (aile Limete), pour exiger la publication du calendrier électoral et l’alternance au sommet de l’État.

Décidément, les Kinois ne sont pas au bout de leurs peines. Juste après les échauffourées du 7 août ayant mis aux prises les forces de l’ordre aux adeptes de Bundu Dia Mayala, les voilà contraints à l’immobilisme à la suite de la journée « ville morte » décrétée par l’opposition radicale. L’onde de choc provoquée par les images des victimes et des blessés ayant circulé la veille sur les réseaux sociaux - actuellement inopérants pour des raisons sécuritaires - a suffi pour dissuader de nombreux Kinois à ne pas s’aventurer le 8 août en dehors des périmètres de leurs domiciles. La présence policière renforcée à plusieurs endroits stratégiques n’était pas non plus de nature à ôter la psychose dans le chef d’une population déjà traumatisée par les évènements de la veille.

Moralité : la ville de Kinshasa n’a pas connu mardi son effervescence habituelle. De quoi réjouir le Rassop/Limete dont l’appel à la ville morte pour exiger la publication du calendrier électoral ainsi que le départ de Joseph Kabila paraît avoir été suivi par une large frange de la population kinoise. Dans les points stratégiques de la ville, notamment les carrefours et les ronds-points, l’ambiance était timide aux premières heures. Les activités ont, en effet, tourné au ralenti à l’instar de la Place Victoire pourtant réputée bouillonnante et attractive. 

Les différentes avenues qui quadrillent ce grand carrefour étaient quasi dessertes.  La fluidité du trafic contrastait nettement avec l’intensité qui les a toujours caractérisées à pareille heure. Boutiques, magasins, bars, postes de télécommunications étaient aux abonnés absents, leurs propriétaires préférant observer d’abord l’évolution de la situation avant d’ouvrir leurs activités. Les banques et autres maisons de transfert d’argent étaient également inopérantes. 

De Ngiri-Ngiri à Gambela en passant par Bayaka et Mariano, l’ambiance n’était pas de grand jour, tout comme au centre-ville, à Kintambo magasin, Lemba foire, Kingasani et ailleurs. Des bus Transco quasi vides tentaient de suppléer à la carence du transport occasionnée par le déficit des taxis et taxis-bus, absents sur plusieurs tronçons au grand désarroi des usagers. Quelques commerces et marchés ont toutefois ouvert à certains endroits, de même que certaines stations-service, quand bien même la vente avait difficile à suivre. Des tirs de sommation ont toutefois été entendus très fortement dans quelques quartiers bouillants de la capitale, notamment à Lemba et Matete où la police a dispersé quelques ultras de l’opposition qui tentaient d’ériger des barricades sur la route.

Vendeuses de pain, mécaniciens, motocyclistes, cambistes, chargeurs, bref tous ces gagne-petits qui vivent au petit bonheur et pour qui chaque ville morte constitue un manque-à-gagner énorme, étaient fidèles à leurs postes. « Je ne suis pas concerné par ces histoires des politiciens qui se servent de nous comme des marchepieds. J’ai une famille à nourrir et rester à la maison toute une journée, sans rien faire, est un suicide pour moi », martèle un changeur de monnaie ayant pris ses quartiers à Bandal Kimbondo. Ils sont nombreux à penser comme lui. Dans une ville où chaque jour est un challenge de vie, le travail - quelle qu’en soit la nature -, constitue l’unique alternative pour se mettre à l’abri du besoin et tirer son épingle de jeu dans un contexte socioéconomique délétère exacerbé par l’hyper inflation.

À tout prendre, l’ultra opposition avait en partie gagné son pari de paralyser la ville en cette journée du 8 août, quand bien même que cela n’a duré que quelques bonnes heures - précisément en début de matinée - avant que la situation ne redevienne à la normale. Échec cuisant pour la majorité qui attribue cette situation du reste à relativiser, non au suivi d’un quelconque appel du Rassemblement, mais plutôt à la peur ressentie par la population après les troubles de la veille perpétrés par Bundu-Dia Mayala.

Alain Diasso

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