Ville morte : le mot d’ordre du Rassemblement diversement suivi

Mercredi 19 Octobre 2016 - 18:49

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Les activités ont tourné au ralenti le 19 septembre à Kinshasa. La ville généralement bruyante a observé un calme plat particulièrement avant midi. En cause ? Le mot d’ordre de ville morte lancé, il y a quelques semaines, par Étienne Tshisekedi, président du comité des sages du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement.

Boulevard du 30juin, 08h15'Pour cette plate-forme de l'opposition, cette action n’est autre chose qu’un premier avertissement (carton jaune) lancé au président de la République, Joseph Kabila, exhorté à quitter son fauteuil d’ici le 19 décembre à l’expiration de son mandat, en attendant le carton rouge, synonyme du tsunami populaire censé l’emporter. Dans une ville de Kinshasa acquise dans une grande portion à la cause de l’opposition dite radicale, le mot d’ordre ne pouvait qu’être largement suivi par des habitants ayant encore frais en mémoire les tristes événements des 19 et 20 septembre derniers. La psychose aidant sur fond d’appréhensions à risquer leur vie en cette période de grand bouleversement politique, de nombreux Kinois ont préféré rester à la maison le 19 octobre. L’important déploiement policier et militaire visible notamment autour du Palais du peuple et dans plusieurs quartiers chauds a aussi contribué à exacerber la peur dans leur chef.  

Moralité : les grandes artères de Kinshasa réputées grouillantes avec leurs embouteillages récurrents étaient désespérément vides tout au long de la matinée. Du boulevard Sendwe au boulevard Lumumba et du 30 Juin en passant par les avenues du Commerce et Poids lourds, le trafic était plutôt timide et fluide. Les fameux 207, ces taxis-bus qui, tant bien que mal, tentent de compenser le déficit de transport, dans une ville où le moindre déplacement tient du parcours de combattant, étaient presque invisibles. Seuls les bus Transco étaient visibles sur les grandes artères. Au centre-ville, et même dans plusieurs quartiers, les grandes surfaces et autres échoppes sont restées fermées. La plupart des responsables d’écoles ont dissuadé leurs élèves à ne pas venir à l’école afin de prévenir toute éventualité. Si la situation a nettement évolué au fil des heures jusqu’à se décanter partiellement en début d’après-midi, autant dire que Kinshasa a été paralysée de longues heures en cette journée de mercredi avant de reprendre son cours normal. Un signal fort lancé à l’endroit des délégués au dialogue dont les résolutions ne sont pas du goût de la population kinoise qui n’espérait pas mieux.

Échec et mat à Lubumbashi

Si à Kinshasa la ville morte a été largement suivie, à Lubumbashi, deuxième ville du pays, par contre, les activités se sont déroulées normalement, apprend-on. Les Lushois, dans leur majorité, ont ignoré la ville morte. Une situation qui serait le fait de la sensibilisation faite la veille par les autorités locales appelant la population à vaquer normalement à ses occupations tout en avertissant de sanction des fonctionnaires absentéistes.

Dans d’autres grandes villes du pays, le mot d’ordre du Rassemblement a été  diversement suivi selon les témoignages du reste contradictoires provenant des sources locales. La ville de Bukavu dans la province du Sud-Kivu aurait totalement ignoré l'appel du Rassemblement, selon certaines sources concordantes pendant que d’autres ont confirmé le succès de l’opération. Même tableau à Goma, au Nord-Kivu où l’on rapporte que la ville morte a été  diversement suivie par une population ne regardant plus dans la même direction pendant que d’autres sources allèguent le contraire.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Le boulevard du 30 Juin le 19 octobre dans la matinée

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