Violations des droits de l’homme : une hausse de 30% enregistrée en 2016

Jeudi 26 Janvier 2017 - 18:03

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Le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) explique que l’année dernière a été caractérisée par un grand nombre de violations des libertés fondamentales liées à la restriction de l’espace démocratique avec, à la clé, le report des élections nationales.

Le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) dresse un bilan sombre en matière de respect des droits fondamentaux de l’homme par le gouvernement congolais en 2016. Le rapport de cette organisation publié le mercredi 25 janvier souligne une nette augmentation de violations des droits de l'homme de près de 30% par rapport à 2015 où 4004 cas ont été documentés. Rien que sur l’année 2016, le BCNUDH a répertorié au moins 5.190 violations des droits de l’homme essentiellement liés à « la restriction de l’espace démocratique ». Le directeur de BCNUDH José-Maria Aranaz explique cette augmentation par le contexte politique ayant prévalu en 2016 avec le report des élections nationales initialement prévues pour 2016, lequel report a entraîné une série des manifestations initiées par l’opposition réclamant le respect des échéances constitutionnelles.

Le rapport fait, en outre, état de l’entrave à la liberté de réunion pacifique tout en stigmatisant la différence de traitement « appliquée par les autorités locales et les forces de sécurité en fonction de l'appartenance politique des organisateurs, interdisant les manifestations organisées par l’opposition et la société civile et autorisant de fait celles de la majorité présidentielle ». D’après la même source, 480 personnes ont été victimes « d’exécutions extrajudiciaires » imputables aux forces de l'ordre, parmi lesquelles plusieurs dizaines ont été tuées en septembre et décembre lors de violentes contestations contre le maintien au pouvoir de Joseph Kabila, dont le mandat est échu depuis le 20 décembre. 

Outre ce climat politique délétère, les activités accrues de plusieurs groupes armés, particulièrement dans le nord-est du pays ont également joué un rôle néfaste en se signalant notamment par de nombreux cas de violation des droits humains avec, au premier rang, la Force de résistance patriotique de l’Ituri. Les agents de la police (539 cas de violations), les agents de l’Agence nationale de renseignement (128 cas), les autorités politico-administratives (174 cas) et les militaires des Fardc (155 cas) sont également cités comme responsables de la dérive décriée en 2016 sur le plan des droits humains. En dépit de cette dynamique en hausse, le rapport salue néanmoins les efforts consentis par les autorités pour maintenir les indicateurs à des proportions acceptables dans la lutte engagée contre l’impunité. Au moins cent-soixante-sept militaires congolais et cinquante-neuf  agents de la PNC ont, en effet, été condamnés pour des actes constitutifs de violations des droits de l’homme sur l’ensemble du pays.   

Par ailleurs, le BCNUDH attend voir l’accord politique signé le 31 décembre dernier être appliqué sans tergiversation dans toutes ses dispositions notamment dans son volet décrispation d’autant plus qu’une très grande majorité des détenus politiques continuent à croupir en prison. Des sources onusiennes, l’on apprend que depuis la signature de l’accord de la Saint-Sylvestre, au moins trois prisonniers ont été libérés sur les 167 recensés et que seulement deux médias ont été rouverts sur une quinzaine. « Sans respect des droits et des libertés fondamentales, il n’y aura pas une application crédible de l’accord », s’est inquiété  José-Maria Aranaz.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

José-Maria Aranaz.

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