Voir ou revoir : « Makala » d’Emmanuel Gras

Vendredi 28 Août 2020 - 11:50

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Film documentaire sorti en 2017 et réalisé par le Français Emmanuel Gras, « Makala » retrace le parcours de production et de commercialisation du charbon de bois à travers l’endurance et la volonté de Kabwita Kasongo, un pauvre paysan soucieux d’améliorer les conditions de vie de sa petite famille.

L’œuvre réalisée dans la province du Katanga autour de la ville minière de Kolwezi, en République démocratique du Congo, pose avec éclat la question de la considération de la classe ouvrière et la valeur du travail des activités traditionnelles. Sans aucune soif de révolte, le scénario embarque le téléspectateur dans une vague de foi qui maintient l'espoir.

Kabwita Kasongo, marié et père de trois enfants, nourrit le désir d’offrir un avenir meilleur à sa famille notamment en améliorant leur maison avec un toit de qualité. Pour cela, il prévoit d'acheter une quinzaine de tôles ondulées dans la ville voisine. Comme de nombreux nécessiteux de sa région, il opte pour la fabrication du charbon de bois, désigné en lingala par « makala ». Pour y arriver, il a comme ressources ses bras, la brousse environnante et une détermination tenace.

Après la tâche immense de la fabrication du charbon, le jeune homme, muni d'un simple bidon d'eau et presque sans nourriture, se lance pour un périple surhumain de 50 kilomètres dans le but d’écouler sa marchandise. Sur son parcours, il fait face à de grandes pistes de terre saturées de camions, de motos et de poussières au péril de sa vie, à l’arnaque d'individus malintentionnés et même au non-respect du code de la route par certains conducteurs. Et une fois en ville, le commerce s’avère difficile car les clients négocient âprement les prix, au mépris du travail fourni. Après la vente laborieuse de tous ses produits, Kabwita se rend dans un magasin pour acheter les précieuses tôles. Mais leur coût exorbitant fait qu’il ne pourrait en acheter à peine une, au lieu des quinze espérées. Accablé par le poids de la souffrance, il se rend dans une église et implore Dieu de lui donner la force pour continuer à vivre.

C’est effectivement ce labeur démesuré, exténuant et muet de la grande pauvreté, tel un véritable chemin de la croix, que le réalisateur a voulu partager aux cinéphiles avec beaucoup de suspense, de claque et d’émotion. D’une durée d’environ quatre-vingt-seize minutes, le film a reçu le Grand prix de la Semaine de la critique au Festival de Cannes en 2017.

Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

L’affiche du film/DR

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