Yaba Gotène : « Il est temps de donner au grand artiste que fut notre père la place qu’il mérite sur la scène mondiale »

Vendredi 27 Octobre 2017 - 17:54

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La fille aînée du peintre congolais, Marcel Gotène, prend la parole dans nos colonnes afin de préciser le rôle que jouera dans les années à venir la Fondation Marcel-Gotène en cours de création à Brazzaville.

 

Les Dépêches de Brazzaville. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et rappeler qui était Marcel Gotène ?

Yaba Gotène. Je suis la fille aînée du grand artiste que fut Marcel Gotène et je m’attache désormais, avec ma mère et ma sœur, à faire en sorte qu’il soit enfin reconnu sur la scène mondiale comme l’un des plus grands peintres modernes du continent africain. Marcel Gotène a disparu prématurément il y a quelques années, mais son œuvre est plus présente que jamais comme en témoigne l’intérêt croissant que lui portent les experts. Perçu aujourd’hui comme le Pablo Picasso ou le Raoul Dufy de l’Afrique, il mérite que l’on se penche mieux qu’on ne l’a fait jusqu’à présent sur son œuvre, mais aussi sur son histoire personnelle. Et c’est pourquoi ma famille a décidé, avec l’aide de hautes personnalités congolaises, de créer une Fondation qui portera son nom pour l’éternité et qui présentera ses tableaux dans des lieux d’exposition sur les cinq continents.

L.D.B. Quels sont les objectifs et les missions que la Fondation, dont vous êtes la coordonnatrice, s’assigne aujourd’hui et s’assignera dans le futur ?

Y.B. Le premier objectif que nous nous fixons est de rassembler, afin de les présenter au grand public, les nombreux tableaux que nous détenons et que détiennent des amis proches de notre famille. Il nous conduira à organiser des expositions en Afrique bien sûr, mais également dans plusieurs grandes villes hors du continent qui nous ont fait d’ores et déjà savoir qu’elles sont prêtes à accueillir les œuvres de Marcel Gotène. La deuxième mission assignée à la Fondation est de réunir à Brazzaville, là donc où celui-ci a vécu la plus grande partie de sa vie, les documents, les archives, les photos, les objets qui retraceront son parcours d’artiste. Autant de pièces qui montreront aussi à quel point cet artiste moderne était imprégné des usages et des traditions de la société qui l’avait vu naître, puis se former.

L.D.B. Pouvez-vous préciser quelles seront les principales activités de la Fondation Marcel-Gotène ?

Y.G. Ces activités tourneront essentiellement, comme je viens de le dire, autour de la création d’un espace Marcel-Gotène situé en plein cœur de notre capitale. S’il est trop tôt pour dire où sera installée précisément la Galerie-Musée qui portera son nom, il ne l’est pas pour dire que nous réfléchissons d’ores et déjà sérieusement sur cette question et que nous étudions différentes hypothèses. Le but que nous poursuivons est de faire en sorte que la Galerie-Musée Marcel- Gotène devienne très rapidement l’un des lieux privilégiés vers lequel afflueront demain les Congolais mais aussi les étrangers qui viennent à Brazzaville. Il s’inscrit donc dans le vaste programme national qui vise à faire de notre capitale un rendez-vous incontournable de l’art sur le continent africain. Il va de soi que la Galerie-Musée Marcel-Gotène accueillera également de façon régulière, pour les exposer, les œuvres que lui confieront des artistes congolais désireux de se faire mieux connaître du grand public.

L.D.B. Avez-vous pu retrouver ou repérer toutes les œuvres de Marcel Gotène ?

Y.G. Toutes, non bien sûr. Mais beaucoup, pour ne pas dire la plupart, oui. Plus de deux cents toiles du grand peintre congolais sont, en effet, conservées par un très petit nombre d’admirateurs de Marcel Gotène qui sont cinq au total en comptant notre propre famille. Et ces personnalités appuient sans réserve la création du Musée-Galerie à Brazzaville. Quant aux archives qui relatent la vie de l’artiste, elles sont pour la plupart conservées par nous-mêmes. Nous nous employons actuellement à les classer, à les décrypter, à les conserver, à les replacer également dans leur contexte afin d’apporter demain ce trésor historique à la Galerie-Musée Marcel-Gotène. Ainsi ce lieu sera-t-il aussi un véritable centre de recherche sur l’art contemporain africain.

L.D.B. A quelle date se tiendra la première exposition des œuvres de Marcel Gotène ?

Y.B. La date précise je ne peux pas vous la donner encore, mais cette première exposition ouvrira très probablement  ses portes au tout début de l’année 2018. Et je peux vous préciser qu’elle se tiendra dans le lieu mythique qu’est aujourd’hui l’Ecole de peinture de Poto-Poto. C’est-à-dire là même où Marcel Gotène apprit l’art de peindre grâce à Pierre Lods qui avait créé cette institution dans les années cinquante du siècle précédent. Des travaux de rénovation de l’Ecole, financés par des mécènes privés, vont être entrepris afin de permettre d’accueillir dignement les dizaines de toiles de Marcel Gotène qui seront prêtées par nous-mêmes et par des personnalités amies de ma famille. Ils seront achevés avant la fin de cette année.

L.D.B. Un dernier mot pour conclure cette interview ?

Y.B. Oui, simplement pour dire, en ma qualité de coordonnatrice de la Fondation Marcel-Gotène, que notre famille remercie chaleureusement tous ceux et toutes celles qui ont permis que cette belle et noble institution voit le jour. L’Histoire, la grande Histoire dont nous nous apprêtons à écrire ensemble une nouvelle page, leur rendra un hommage mérité.

Propos recueillis par Jean-Paul Pigasse

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