Enseignement supérieur : une année sans bourse pour les étudiants de la faculté de droit ?Lundi 7 Avril 2014 - 19:34 La sous-commission des bourses de la Commission nationale des ressources humaines (CNRH) vient de boucler ses deux sessions ordinaires de l’année académique sans examiner les dossiers des étudiants de la faculté de droit de l’université Marien-Ngouabi L’article 5 du décret du 6 juin 1986 abrogeant celui du 5 octobre 1977 portant création et organisation de cette commission stipule que « la CNRH se réunit en session ordinaire deux fois par an ». Alors faut-il organiser une session extraordinaire de la sous-commission des bourses pour la prise en compte des étudiants de cette faculté, oubliés ou écartés pour diverses raisons ? Certains syndicalistes défendant les intérêts des étudiants, présents à la dernière session qui s’est déroulée les 4 et 5 avril à la Grande Bibliothèque de l’université Marien-Ngouabi, n’ont pas manqué d’interpeller le gouvernement pour examiner la situation de la faculté de droit. Selon nos informations, les étudiants payent lourdement une gestion calamiteuse, marquée notamment par des contradictions internes entre responsables de cet établissement qui, depuis un certain temps, ne parleraient plus le même langage. Ce désordre a été mis sur la place publique l’année dernière, lorsque l’Administration a égaré les procès-verbaux des évaluations de la deuxième session et n’a pas pu organiser les sessions de rattrapage. Pour éviter un éventuel soulèvement des étudiants, les responsables de cette faculté, qui forme les juristes congolais, ont décidé de faire passer en classe supérieure certains apprenants ayant validé les unités de valeur à la première session. Le doyen et son vice-doyen suspendus D’où un nombre important d’admis à différents niveaux supérieurs. Un tel taux de réussite, jamais connu par le passé, ne semble pas sans conséquence. Surtout, il aurait suscité une réaction vigoureuse de la direction rectorale pour punir les auteurs de ces comportements. Selon des sources proches du ministère de l’Enseignement supérieur, le conseil de l’université Marien-Ngouabi vient de frapper fort en suspendant de leurs fonctions le doyen de la faculté de droit, le Pr Placide Moudoudou, et le vice-doyen, Godefroy Moyen. 2 202 dossiers ont reçu quitus Sur les 2 567 dossiers d’attribution et de renouvellement reçus à la direction générale des Affaires sociales et des Œuvres universitaires lors de la deuxième session, 106 avaient été jugés irrecevables. Il n’en restait que 2 461 soumis à l’approbation des membres de la sous-commission, dont 2 202 ont reçu un avis favorable et 259 un avis défavorable. Avec 1 837 dossiers pour les étudiants des facultés des lettres et des sciences humaines, des sciences économiques et des sciences et techniques, ainsi que ceux de l’École nationale d’administration et de magistrature de Brazzaville. Au total, l’université Marien-Ngouabi s’est vu attribuer des bourses à 1 627 de ses étudiants alors que 210 ont reçu un avis défavorable. Pour les jeunes Congolais étudiant en Afrique de l’Ouest, sur les 460 dossiers examinés, 444 ont recueilli un avis favorable et 16 défavorables. La sous-commission a, par ailleurs, accordé une bourse à 69 des 83 étudiants congolais inscrits au Maghreb, et à 24 des 27 apprenants en Afrique australe (Namibie et Afrique du Sud). Sur les 54 dossiers d’Asie (Chine et Inde), 38 ont reçu un avis favorable et 16 défavorable. D’après le communiqué final des travaux, quelques dossiers ont suscité des débats, à l’image de certains étudiants ayant soutenu leur licence à la faculté des sciences de la santé ou leur maîtrise à la faculté des lettres et des sciences humaines qui ont été admis à s’inscrire en master II population et développement à la faculté des sciences économiques. « Étant donné que ce master donne droit à la spécialisation, les membres de la sous-commission ont décidé d’accorder la bourse à cette catégorie d’étudiants dont la formation est encouragée par le Fonds des Nations unies pour la population. » Quant aux étudiants arrivés en fin de formation à l’École normale supérieure et qui s’inscrivent dans une faculté, la sous-commission a réitéré les décisions prises au cours des précédentes sessions, en leur donnant un avis défavorable. Revenant sur les critères d’octroi des bourses, à savoir le succès et l’obtention du bac à l’âge de 22 ans au plus, le président national du Mouvement des élèves et étudiants du Congo, Cédric Ntsoun Nkolo, a demandé aux étudiants dont les dossiers ont reçu un avis défavorable pour diverses raisons de ne pas paniquer. Ils sont invités à fournir plus d’efforts, afin de bénéficier d’une bourse l’année prochaine. Le leader étudiant a, par ailleurs, invité les responsables de l’enseignement supérieur à réexaminer les cas de la faculté de droit et a félicité le ministère de tutelle pour le travail réalisé. Lors de la première session de la sous-commission des bourses tenue en janvier dernier, 1 832 demandes avaient été examinées, dont 1 055 pour l’université Marien-Ngouabi (écoles, instituts et faculté des sciences de la santé) ; 94 pour l’Afrique centrale (RDC et Cameroun) ; 142 pour l’Europe de l’Est ; et 541 pour l’Europe occidentale, l'Amérique du Nord et Cuba. 1 336 requêtes avaient reçu un avis favorable et 486 un avis défavorable. Si l’on considère ces chiffres, au total 3 538 étudiants congolais bénéficieront d’une bourse au titre de l’année académique 2013-2014. Parfait Wilfried Douniama Légendes et crédits photo :Photo 1 : La faculté de Droit (© Adiac). Photo 2 : le ministre de l'Enseignement supérieur (au centre) ouvrant les travaux de la deuxième session de la sous-commission des bourses (© Adiac). |