Création d'emploi : la sous-traitance locale destabilisée par les PME étrangères

Mardi 29 Avril 2014 - 20:55

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Le renforcement de l’expertise nationale aurait pour effet d’encourager les emplois directs et indirects mais on est loin de s’imaginer les contraintes qui empêchent l’émergence des PME congolaises, notamment dans un secteur aussi stratégique que les mines qui a enregistré des investissements estimés de plus de 15 milliards de dollars en dix ans.

La croissance économique de la RDC est tirée des hydrocarbures et des mines. Depuis 2001, l’activité économique enregistre annuellement une croissance moyenne de 6% grâce à toutes les réformes économiques entreprises. Malgré un taux de croissance élevé et supérieur de la moyenne de l’Afrique subsaharienne, les indicateurs sociaux sont toujours au rouge, avec un taux de chômage parmi les plus élevés de l’Afrique, soit plus de 50% de la population active. À en croire la Fédération des entreprises du Congo (FEC), la mauvaise redistribution des richesses explique la faible capacité à générer des emplois décents et durables. Les secteurs générateurs d’emplois, notamment l’agriculture et l’agro-industrie, l’industrie manufacturière, le transport et communication, sont quasiment désertés par les PME et PMI locales.

Aussi le pays n’arrive-t-il pas, en dépit de cette croissance forte, à enclencher la phase décisive de sa lutte contre la pauvreté. Or, dans les efforts visant à la réduire, le développement de la sous-traitance locale paraît crédible pour sa capacité à créer une valeur ajoutée locale. De plus, tout le sens de l’enjeu futur est de préparer l’après-mines qui se dessine. En effet, les ressources étant non renouvelables, il faut préparer une mutation vers d’autres secteurs, et cela exigera une certaine expertise dans les domaines des biens et services. Face à cette grande ambition, il est important de commencer par neutraliser toutes les contraintes. Dans le secteur minier, l’on observe que la sous-traitance est essentiellement étrangère. À en croire la FEC, le personnel de ces entreprises sous-traitantes obtiennent plus facilement le visa, contrairement à leurs homologues congolais. Voilà une discrimination à surmonter.

Malgré tout, l’on se garde bien de toute précipitation car, a fait remarquer le patronat national, les PME locales sont loin à ce stade de répondre totalement aux exigences requises pour la sous-traitance. Cela nécessitera un effort de renforcement de leurs capacités pour leur permettre d’élargir leurs interventions à d’autres secteurs dont les hydrocarbures, les télécommunications, les banques, les assurances et l’agro-alimentaire. Il est important aussi d’instaurer la transparence en facilitant l’accès des PME congolaises aux informations stratégiques des donneurs d’ordre. La FEC a proposé la mise en place d’un observatoire de la sous-traitance avec des missions claires, notamment la mise à disposition des données fiables, la sensibilisation de l’ensemble des opérateurs et la régulation du secteur. La FEC a proposée de s’impliquer davantage dans ce grand chantier en jouant le rôle de médiateur de la sous-traitance pour la distance qu’elle s’impose avec les intérêts des donneurs d’ordre et même des sous-traitants.

Laurent Essolomwa