Immobilier : la crise du logement à Brazzaville

Jeudi 8 Juillet 2021 - 21:05

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Avoir accès à un logement décent se montre être un véritable casse-tête dans la capitale verte. Deux facteurs essentiels entrent en ligne de compte, la disponibilité de biens immobiliers convenables d'une part et les critères d'accessibilité à ces biens d'autre part. Le présent billet est une invite à une immersion au cœur du problème.

Avoir un toit au-dessus de sa tête est une noble aspiration qui anime chaque être humain. C'est le signe par excellence de l'indépendance financière, de la capacité de se prendre en charge mais surtout une maison constitue un espace de sécurité, d'expression de sa personne et de réconfort,  un foyer. Bien que ce besoin soit le plus légitime, il n'est pas toujours aisé d'avoir accès à un logement à Brazzaville, même quand on est rémunéré.

Dans le domaine de la location, en termes de disponibité de biens immobiliers convenables, Brazzaville est loin d'être un modèle d'exemple. Les logements proposés par les propriétaires de biens sont pour la plupart des logements de fortune, sans équipements basiques. Dans les quartiers populaires où la promiscuité est encore de mise, l'accès à l'eau se fait souvent par le biais d'une pompe commune dans des récipients de stockage, signe de la rudesse de la vie à Brazzaville.

Une amélioration a été observée dans les offres immobilières à partir des années 2010, avec l'investissement des expatriés évoluant sur le sol congolais, notamment avec la colonie ouest-africaine qui jusque-là dominait presque sans concurrence sur le commerce de marchandises à Brazzaville. Ayant fait des profits considérables dans ce domaine, ils ont investi dans le domaine de l'immobilier proposant une offre immobilière plus intéressante que l'offre locale, notamment avec les immeubles, les appartements. L'avantage des appartements en immeuble est de présenter une entrée de gamme qui octroie des équipements sanitaires de base et réduit la promiscuité à son minimum.

S'il y a plus de biens disponibles sur le marché de l'immobilier, les critères et moyens d'accessibilité sont là aussi une entrave à l'acquisition d'un appartement ou d'une maison à louer. Le premier critère est avant tout celui du coût. L'entrée de gamme pour un F3, à savoir un appartement ou une maison comprenant un salon, deux chambres, une cuisine et des salles de bains, est estimée à une fourchette de 100.000 à 150.000 FCFA environ, selon les quartiers, tout en considérant que le salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic) est à 50.400 FCFA au Congo-Brazzaville, le fossé parlant de lui-même.

A ce budget mensuel s'ajoutent les frais d'acquisition du bien. La plupart des propriétaires demandent une caution d'acquisition du bien qui correspond à trois mois de mensualités, sans parler de l'agence immobilière ou des intermédiaires immobiliers, couramment appelés « démarcheurs », qui se font au métier par la force des choses; et réclament à leur niveau une mensualité en compensation de leur service. Ce qui rend l'acquisition en elle-même quasi impossible pour un travailleur lambda qui n'a pas d'épargne suffisante ou qui vient à peine de se lancer dans le monde du travail.

La crise du logement est un réel problème au Congo-Brazzaville où le fossé devient de plus en plus grand entre les différentes classes sociales du pays. Le monde du salariat n'étant pas des plus accessibles, de nombreux Congolais se tournent vers l'entrepreneuriat mais toujours de façon fortune car des formations dans ce domaine sont à compter, et les accompagnements pratiquement illusoires.

Princilia Pérès

Légendes et crédits photo : 

Logements de Mpila

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