Evocation : Mwana Okwèmet, le fétiche et le destin (22)Vendredi 23 Juillet 2021 - 13:27 22- Le salaire de la peur Ngaleyko’o n’avait pas fini de proférer ses menaces que déjà sa voix fut couverte par un brouhaha de vociférations. Comme une houle marine, indignation et colère montèrent des poitrines, s’infiltrèrent à travers des gorges et s’abattirent comme des rafales de gouttes de pluie sur les miliciens pris à partie par l’assistance. Les hommes étaient tout aussi furieux que les femmes, lesquelles, debout ou en mouvement, se désespérèrent sur le sort de Bèlet. Particulièrement visées, Lembo’o-la-Mbongo et Mwabouéré amba Djèli, la mère de Nia’ndinga poussèrent des cris de douleur comme si un métal tranchant les avait subitement transpercées. A présent, les deux femmes et leur compagnie poussaient des cris et couraient désespérées dans la cour du village. Lembo’o invoqua son défunt époux :
Entretemps, dès la fin de l’exposé de Ngaleyko’o, le patriarche E’Guendé, le visage sévère marqué par un rictus avait levé la séance. Selon la procédure des débats, il devait avant d’esquisser toute réponse consulter les siens derrière la maison et porter l’opinion retenue devant tout le monde. Etumba Omba’ndza, encore appelé Etumba-la Ngoungou, neveu d’Obambé Mboundjè réputé pour sa ténacité resta égal à son tempérament :
Il s’interrompit, scruta les visages aux mâchoires cadenassées par la colère qui buvaient ses paroles. Il se sentit poussé des ailes.
Etumba-la-Ngoungou était le gardien de la maison d’Obambé Mboundjè et le père foncier de ses enfants. Si E’Guéndé disposait de l’autorité patriarcale comme héritier du père, c’est le neveu utérin de ce dernier qui détenait les clés du pouvoir foncier de son oncle et l’attribuait en cérémonie officielle au remplaçant du père. Etumba était connu et respecté pour sa bravoure. Il avait participé aux côtés du prince nga’Atsèssè au maquis d’Assonni et, avait signé la capitulation à Pombo sans cesser d’être subversif. A la fin de son harangue, chacun avait compris : Bèlet devait vaincre la peur, et éviter une nouvelle humiliation. Si jadis, les pères furent tués et le village dispersé sans combat, des années après face à une nouvelle agression, Bèlet ne devait pas tolérer l’enlèvement de ses filles sans réagir. Lorsqu’E’Guéndé reprit la parole, ce fut pour appuyer son cousin. Il fallait se saisir des douze miliciens, les garder en otages et exiger de les échanger contre le renoncement de Gbakoyo et Tabba de mêler leur sang avec celui des filles de leurs victimes. Ce plan avorta et ne connut pas un début de commencement. Ngaleyko’o et ses hommes n’attendirent pas le retour d’E’Guéndé et les siens. Alertés par les cris et les pleurs des femmes, des habitants d’autres quartiers accoururent et menacèrent de s’en prendre aux miliciens. Ngaleyko’o réagit avec fermeté. Ayant regroupé ses hommes, il menaça de tirer dans la foule si elle ne se dispersait pas. Quand E’Guéndé, Etumba-la-Ngoungou, Dimi Lemboffo et les autres revinrent au lieu de la palabre, la tension était déjà vive. Les miliciens regroupés dans la cour, le doigt sur la gâchette étaient en position de combat. Sans débander sa troupe, Ngaleyko’o interpella vivement le patriarche :
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