Brazzaville : savez-vous ce que le chat avait vu dans la rue Mbochis ?

Vendredi 24 Septembre 2021 - 13:41

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Dans la liste des curiosités de la capitale congolaise, figure l'intrigante histoire de ce que le chat avait vu dans la rue Mbochis. Une histoire qui accorde à cette rue un intérêt particulier et la porte comme une référence dans l'imaginaire congolais...

Aussi étroite qu'un couloir, la rue Mbochis occupe pourtant une place de choix dans l'âme brazzavilloise. Dans le quartier d'affaires de Poto-Poto, cette rue est celle de la confection du pagne africain. De part et d'autre de la voie goudronnée, s'alignent les ateliers-boutiques des artisans du textile qui créent et confectionnent des tenues sur mesure pour femmes. Ouest-Africains pour la plupart, ces artisans ont tissé des liens solides avec les dames de Brazzaville. La femme africaine en général, et tout particulièrement la Congolaise, aime prendre soin de son apparence.

Bien que les imprimés restent de l'ordre d'un choix de style, s'habiller en pagne pour les Congolaises est comme être initiée à une noble féminité, une féminité sacrée, qui se transmet de mère en fille. C'est une manière pour la Mama africa d'afficher un certain vécu et l'accession à une certaine hauteur d'être et de se montrer.

Dans l'histoire de Poto-Poto et de Brazzaville, dans le milieu des " grands ", la femme, l'épouse légitime, représentait le faire-valoir de son mari, souvent bien installé dans la vie publique de la capitale. Son mari se devait alors de l'habiller et de la parer de sorte que, sans mot dire, soit estimée sa force financière ou vitale. La rue Mbochis a intégré dans ses gênes l'histoire muette de Brazzaville, pourtant portée comme un étendard sur les cambrures de ses femmes.

Confirmant les liens étroits de Brazzaville et du reste du monde, la rue Mbochis est par excellence celle des artisans du pagne et des bijoux mais aussi des artistes peintres et plasticiens. Masques, statuettes évoquent l'ancestral congolais. Les tableaux picturaux aux couleurs chaudes clament la splendeur du Bassin du Congo mais aussi de la femme, créature muse de l'humanité, dont les seins sont à dessein servis sur ces toiles et destinés à l'intimité des palais des chefs, ou des hôtels... De Brazza.

Aux références des contemporains de la rue Mbochis, s'inscrit une adresse dont la notoriété n'est plus à faire. Cette adresse est celle de l'établissement Djoubo, un grand habitacle de fortune qui a l'air de ne pas pouvoir supporter l'odeur de la peinture fraîche car toujours livré à de hautes fumées noires provenant des feux de cuisson du poulet et de viande de bœuf sur de grands tonneaux. Tonneaux qui n'ont plus de métallique que leur matière tant leur couleur d'origine a été colonisée par la fumée étouffante. Cette adresse connue de tout bon Congolais qui se respecte est celle " du poulet de la rue Mbochis ".

De l'histoire mythique de la rue Mbochis, s'impose aux consciences le souvenir d'un chat. Dans la fin des années 1990', un chat fût poursuivi dans cette rue. Ayant les deux pieds dans une Afrique mystique, le Congo-Brazzaville n'est pas épargné de l'existence et du caractère réel de phénomènes mystiques qui marquent les consciences des jeunes générations, qui sont nées et ont grandi dans des capitales aux croyances occidentalisées, loin des sources indicibles de l'Afrique Noire...

Un chat, lié aux activités occultes d'un anonyme qui se plaisait à troubler le sommeil et la quiétude de ses voisins, semait le trouble dans les quartiers desservis par la rue Mbochis. N'étant ni le premier ni le seul chat à vivre parallèlement dans le monde des humains et des esprits, lassés, les habitants de la rue Mbochis lui ont réservé un sort bien terrible.

Ce que le chat avait vu dans la rue Mbochis ? Il vous est préférable de ne pas le savoir...

 

Princilia Pérès

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