Musique et souvenirs : les Bantous de la capitale, le dernier survivant

Vendredi 1 Octobre 2021 - 14:00

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L’orchestre mythique les Bantous de la capitale, porte étendard de la musique congolaise, est le seul survivant des orchestres créés au cours des décennies 1950, 19 60, 1970 et 1980 qui ont occupé la sphère musicale des deux rives du fleuve Congo, à l’instar de l’African Jazz, de l’African Fiesta, de l’OK Jazz (devenu tout puissant OK Jazz), de Négro Band, du Cercul Jazz  et qui ont disparu depuis belle lurette.

Partis de Brazzaville pour l’autre rive du fleuve Congo, à Léopoldville, Jean Serge Essous, Ganga Edo, Célestin Nkouka, Daniel Loubelo de la Lune et Ben Saturnin Pandi furent à l’origine de la création des orchestres Rock-a-Mambo et Ok Jazz autour  des années 1950,  où ils excellèrent avec brio. A noter que Jean Serge Essous fut le premier chef de l’OK Jazz.

Les titres tels que  « Bayila », « Essous Simba Ngai », « Sérénade sentimentale » (œuvres d’Essous),  « Aimé wa Bolingo » de Ganga Edo, « Micki-Mikiero » de Nino Malapet, et autres œuvres phonographiques produites aux Editions Loninguissa et Essengo par ces artistes connurent un succès phénoménal et sont restées immortelles, laissant des souvenirs parmi les mélomanes de Léopoldville de cette époque.

La chanson "Bayila" d’Essous, alias Jerry Lopez (comme on l’appelait à Léopoldville), fut un rythme Tchatcha Tcha (chanté en espagnol) dont Essous fut le premier artiste musicien qui introduisit pour la première fois la danse Tchatcha Tcha dans la musique congolaise. Véritable coup de maître, ce tube connut une gloire immense à Léopoldville.

Tous les bars dancing  vibraient au rythme de "Bayila".  Obnubilé par le succès de cette œuvre, le patron des Editions Essengo offrit à Essous un Scooter (Vespa) qui fut un objet de luxe et de grande valeur à l’époque et qui lui permit de s’illustrer dans toute la ville lors de ses balades. "Bayila", œuvre grandiose, hissa Essous dans les hautes sphères de la notoriété à Léopoldville.

L’idée de la création de l’orchestre Bantous émergea à Léopoldville autour de Jean Serge Essous, Ganga Edo, Célestin Nkouka, Daniel Loubelo de la Lune et Ben Saturnin Pandi, tous musiciens de l’orchestre Ok Jazz et originaires du Congo Brazzaville, y compris Nedoule Papa Noël et Bossuma dit Desoins, suite aux troubles socio-politiques de janvier 1959 qui secouèrent la ville de Léopoldville.

Ces troubles qui opposèrent les Congolais et les colons belges furent à l’origine d’une antipathie entre les deux peuples et les étrangers vivant à Léopoldville.

Au regard de l’ampleur de cette antipathie ayant pris des allures xénophobes, Essous et ses compagnons se retrouvaient dans la clandestinité à Kintsouka (quartier situé au sud de Léopoldville en face des Cataractes) où ils seront rejoints par Nedoule Papa Noël et Bossuma dit Desoins pour des répétitions et la mise en œuvre du projet de création de l’orchestre Bantous. L’indiscrétion de Desoins obligea Essous et ses amis de s’exfiltrer et rentrer au bercail. L’idée de la création de l’orchestre Bantous prit corps et se concrétisa au cours de l’année 1959 à Brazzaville. (A suivre)

Auguste-Ken-Nkenkela

Légendes et crédits photo : 

Les Bantous de la capitale

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