Défense : la bipolarisation du monde en blocs militaires augure-t-elle un conflit régional ?

Lundi 24 Juillet 2023 - 14:00

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Les exercices militaires conjoints que mènent l’Occident dirigé par les Etats-Unis d’une part, la Chine et la Russie d’autre part, destinés à faire une démonstration de force et l’unité de chaque camp face aux menaces réciproques, semblent prouver qu’un conflit larvé se prépare. Si les Nations unies, les organisations internationales et d’autres pays n’y prennent garde, l’humanité pourrait être surprise par un embrasement et une escalade aux conséquences néfastes qui interviendront dans une région non encore déterminée.

Les manœuvres militaires aériennes, navales ou terrestres entreprises dans un contexte de fortes tensions entre les deux camps, provoquent de profondes inquiétudes, selon des observateurs. Si Moscou et Pékin partagent une volonté commune de contrer ce qu’ils présentent comme l’hégémonie américaine ou occidentale et se sont rapprochés dans le domaine militaire depuis l’offensive militaire russe en Ukraine, l’Organisation de l’Atlantique Nord cherche, par ses entraînements militaires répétés, à envoyer un message fort à la Russie, à la Chine et à la Corée du Nord.

Pour renforcer leur coordination, non seulement Pékin et Moscou ont organisé ces derniers mois plusieurs exercices entre leurs armées comme les Occidentaux, mais aussi ils veulent à tout prix faire croire que leur système de défense peut résister à toute puissance de feu. Du côté de l’Otan, parmi les exercices les plus importants qui sont salués par les membres de l’alliance figurent celui des avions de chasse qui vient de se tenir en Allemagne ainsi que celui de la Suède qui a accueilli deux bombardiers américains.

« Nous sommes une alliance défensive et c’est ainsi que cet exercice est planifié (…).  Nous voulions montrer que ces 25 nations différentes pouvaient opérer ensemble dès le premier jour, et nous y sommes parvenus », s’est félicité le chef de l’armée de l’air allemande, Ingo Gerhartz

Baptisé « Air Defender 23 », cet exercice des alliés a réuni quelque 250 aéronefs militaires des pays membres et partenaires de l’Otan, dont le Japon et la Suède, qui est devenue membre de l’Alliance. 1.800 vols y ont été effectués et 10.000 personnes ont pris part à l’entraînement qui était destiné à renforcer l’interopérabilité et la protection contre les drones et missiles de croisière en cas d’attaque contre des villes, aéroports ou ports situés sur le territoire de l’Otan.

« Je serais très surprise qu’un dirigeant mondial ne prenne pas note de ce que cela montre en termes d’esprit de cette alliance, ce que signifie la force de cette alliance, et cela inclut le président Russe Vladimir Poutine », a fait valoir l’ambassadeur des Etats-Unis en Allemagne, Amy Gutmann.

Un partenariat Moscou-Pékin pour contrebalancer l’Otan

En perspective, les dirigeants sud-coréen, américain et japonais se rencontreront en août aux Etats-Unis pour renforcer leur coopération militaire afin de répondre aux menaces nucléaires croissantes dont celles de la Corée du Nord, a-t-on appris de la présidence sud-coréenne. La date et le lieu précis seraient « annoncés ultérieurement ».

« Nous sommes résolument unis dans une défense commune et nous nous assurons que nous faisons tout notre possible pour dissuader et nous défendre contre toute agression », a déclaré le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken,   après sa rencontre avec les ministres des Affaires étrangères japonais et sud-coréen à Jakarta.

De leur côté, la Russie et la Chine ont organisé au cours de ce mois des exercices militaires conjoints en mer du Japon. « L’objectif principal (de ces nouvelles manœuvres, ndlr) est de renforcer la coopération navale entre la Russie et la Chine, de maintenir la stabilité et la paix dans la région Asie-Pacifique », a assuré l’armée russe. « Des missions anti-sous-marines et de combat naval » étaient au programme, selon le ministère russe de la Défense, qui ajoute que « des tirs d’artillerie conjoints » ont été effectués. Ces exercices impliquaient cinq bâtiments de guerre chinois, dont le destroyer lanceur de missiles guidés Qiqihar.

Il s’agissait de la sixième patrouille du genre menée par Pékin et Moscou dans la zone depuis 2019. Le mois dernier, la Chine et la Russie ont effectué une patrouille militaire aérienne conjointe au-dessus des mers du Japon et de Chine orientale, poussant la Corée du Sud à déployer des avions de chasse par précaution.

Dans le cadre du renforcement de la coopération militaire bilatérale ayant déjà à son actif plusieurs exercices conjoints, des patrouilles et des compétitions interarmées, les dirigeants chinois considèrent la Russie comme un partenaire utile et fiable pour contrebalancer l’influence occidentale sur la scène internationale.

 

 

Nestor N'Gampoula

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