François Mozanda : « Je ne suis pas seulement l’élu des autochtones»

Vendredi 11 Août 2023 - 13:16

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En juillet de l’année dernière, François Mozanda, autochtone de 54 ans, marié et père de huit enfants, a été élu conseiller dans le district d’Enyellé, dans le département de la Likouala. Une première pour la communauté autochtone de ce département qui espère voir leurs conditions de vie être ameliorées.

Je ne suis pas au service d’une communauté, je suis l’élu de tout le monde, bantou comme autochtone”, a lancé d’emblée François Mozanda, heureux de faire partie de cette nouvelle équipe où il espère trouver sa place et promouvoir les droits relatifs à la communauté autochtone en insistant particulièrement sur les inégalités sociales entre deux peuples. “Promouvoir le vivre-ensemble, réduire les differences économiques et sociales entre les deux communautés, mettre fin à la superiorité des Bantous sur les autochtones, telles sont entre autres les missions que je me suis assignées”, a fait savoir Francois Mozanda pour justifier son engagement et sa participation au Conseil departemental d’Enyellé.

Une bataille politique que le nouveau conseiller compte bien défendre en martelant sur les injustices et inégalités que les Bantous infligent aux autochtones considérés comme des hommes à tout faire. “On les utilise de façon excessive pour des viles recompenses. C’est le mwoaka qui fait tout pour son milo, à savoir la chasse, le ramassage des chenilles, les travaux champêtres, la pêche…Mais la remunération ne cadre pas toujours avec la tâche executée”, a mentionné M. Francois qui espère trouver des terrains d’entente entre Bantous et autochtones pour réduire les écarts de revenu entre les deux communautés. “Ça ne va pas être facile, mais mon association Moaka tala ebosso” y est déjà preparée. L’ideal serait d’arriver à un équilibre sociétal entre Batous et autochtones, à veiller pour que les mwoakas ne soient pas exploités par les milos”, a souligné le conseiller qui ne compte pas rester dans son bureau mais plutôt effectuer des descentes sur le terrain afin de sensibliser les autochtones à leurs droits conformement à la loi 05-2011 du 25 février 2011 portant promotion et protection des droits des populations autochtones.

Ainsi, le conseiller compte sur l’implication de son association qu’il a deja rodée lors des locales dernières. “J’ai un groupe des leaders autochtones qui travaillent à mes côtés depuis un moment et connaissent bien le travail sur le terrain. Dès que nous serons prets, nous irons former d’autres autochtones au leadership car c’est une aptitude qui manque cruellement au sein de notre communauté ",  a indiqué le conseiller qui mise sur la formation afin de booster son équipe. “Dans cette formation, le premier choix sera porté sur ceux qui savent lire et écrire.  Pour les analphabètes, on les renverra à l’ecole “, a souligné M. François qui reconnaît le travail abattu par son association au cours des locales dernières et qui l’a propulsé au siège de conseiller. “Je pense que c’est cette popularité qui a séduit le ministre Henri Djombo, et que mon nom s’est retrouvé sur la liste des candidats de son parti. Je le lui en serai toujours reconnaissant car cela m’a permis d’etre le premier conseiller départemental autochtone”, a témoigné ce dernier qui compte bien laisser un heritage à sa communauté en leur offrant la possibilité d’une meilleure vie, en devenant de véritables entrepreneurs, bref des personnes économiquement independantes.

En outre, poussé par cette euphorie de vouloir ameliorer les conditions de vie de son entourage, le conseiller espère acquérir dans les prochains jours un terrain qui sera dédié à la culture autochtone. “Il y aura des bureaux, des boutiques de vente d’objets d’art et produits de la pharmacopée autochtone et bien d’autres produits forestiers. Cela permettrait aux différents ménages de percevoir quelques choses pour faire vivre leur famille, se prendre en charge et réduire tant soit peu la question de la pauvreté en milieu autochtone. Enseignant à l’ecole ORA (Observer Réfléchir Agir) et activiste défenseur des droits des autochtones, François se bat bec et ongles pour mettre en lumière la culture Aka tout en prônant les droits des peuples autochtones.

Deuxième autochtone à participer aux élections locales après la tentative de Maguy Waye, candidate aux locales en 2016, cette mobilisation est la preuve palpable que les lignes bougent en ce qui concerne les droits civils et politiques des autochtones. “C’est encourageant de voir les autochtones s’intéresser à la vie politique de notre pays. En effet, plus nous sommes nombreux dans ce combat, plus nos voix seront ecoutées”, a conclu François heureux de participer à ce changement tant social, économique, politique et culturel.

Berna Marty

Légendes et crédits photo : 

François Mozanda

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