Coopération RDC-Israël : les enjeux de l’ouverture d’une ambassade à Jérusalem

Samedi 23 Septembre 2023 - 16:27

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L’ouverture d’une ambassade congolaise à Jérusalem ferait de la RDC le sixième pays à disposer d’une représentation diplomatique dans une capitale israélienne qui est toujours au centre de la controverse sur le plan international.

 

En marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York, le président de la République, Félix Tshisekedi, a échangé, le  22 septembre, avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.  

La décision phare, annoncée lors de cette rencontre, est l’ouverture d’une ambassade d’Israël en RDC, la nomination d’un ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire congolais en Israël ainsi que le déplacement de l’ambassade de la RDC de Tel-Aviv vers Jérusalem. L'ambassade d'Israël en RDC avait été fermée en 2003 en raison de la situation politique tendue au pays. Pour l’instant, le diplomate israélien responsable des relations avec la RDC est basé à Luanda, en Angola, tandis que l’ambassade de la RDC en Israël est actuellement dirigée par un chargé d’affaires.

En déplaçant son ambassade vers la « Ville sainte », la RDC rejoindra ainsi le petit groupe de pays ayant une ambassade dans la ville contestée de Jérusalem, notamment les États-Unis, le Kosovo, le Guatemala et le Honduras et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui a ouvert son ambassade à Jérusalem-Ouest au début du mois de septembre. Les Fidji ouvriront également une ambassade dans la capitale israélienne en 2024.

Le reste des 175 pays qui ont des liens avec Israël conservent leur représentation diplomatique dans la ville côtière de Tel Aviv, (principal centre économique d'Israël), en raison des sensibilités politiques liées à la capitale.

Jérusalem, une capitale disputée

Israël considère Jérusalem comme sa capitale éternelle et indivisible et souhaite y installer toutes les ambassades étrangères. Mais, la Palestine souhaite également que la capitale de son État indépendant soit située à Jérusalem-Est, dont Israël s'est emparé lors de la guerre des Six Jours, en 1967. Pour l’ONU, le statut de Jérusalem doit faire l’objet d’un accord entre Israéliens et Palestiniens et, en attendant, les pays ne doivent pas établir à Jérusalem leur représentation diplomatique en Israël.

C’est ainsi que la plupart des pays du monde ne reconnaissent pas la souveraineté d’Israël sur l'ensemble de Jérusalem, estimant que son statut devrait être résolu par des négociations. Néanmoins, en mai 2018, l’ancien président américain, Donald Trump, avait décidé de transférer officiellement l’ambassade américaine à Jérusalem, estimant qu’elle était la capitale d'Israël. Une décision largement critiquée au Moyen-Orient et considérée comme un acte de provocation à l'égard de la Palestine.

Une annonce faite en 2020

En mars 2020 à Washington, pendant son discours devant l’American Israël Public Affairs Commettee, le comité des affaires publiques israélo-américaines, le principal lobby pro-Israël aux Etats-Unis, Félix Tshisekedi avait déjà annoncé une reprise au plus haut niveau des relations diplomatiques entre la RDC et Israël, avec notamment la nomination d’un ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, après plus de vingt ans, et l’ouverture d’une section économique de l’ambassade à Jérusalem. Mais, aujourd’hui, il ne s’agit plus simplement d’ouvrir une section économique, mais de changer la localisation de l’ambassade. Reste à savoir, quand est-ce que cette décision sera matérialisée.

Soutien controversé au sein de l’Union africaine

Par ailleurs, la RDC est également un fervent supporter de la candidature d’Israël en tant que pays membre observateur au sein de l’Union africaine. Sous la présidence de Félix Tshisekedi, Israël avait obtenu ce statut, suscitant un tollé général au sein de l’organisation panafricaine, chez certains pays comme l’Afrique du Sud, la Mauritanie, l’Égypte,  l’Algérie, la Tunisie,  la Libye, les Comores et Djibouti, qui ont déposé des objections formelles auprès de l’UA.

Le dimanche 19 février 2023, lors du sommet de l’UA, l’institution avait annoncé que le statut d’observateur d’Israël au sein de l’organisation était suspendu. Le sommet de l’UA a également été marqué par l’expulsion du représentant d’Israël, membre observateur depuis 2021. L’Etat hébreu avait perdu son statut d’observateur en 1973, lorsque tous les pays membres de l’Organisation de l’unité africaine, ancêtre de l’UA, avaient rompu leurs relations diplomatiques avec Israël, en solidarité avec l’Egypte dont une partie du territoire, le Sinaï, était occupée par l’armée israélienne, suite à la guerre de Kippour.

 

 

 

Patrick Ndungidi

Légendes et crédits photo : 

Le Président Félix Tshisekedi et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

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