Lire ou relire : « Le silence des fantômes » de Jean-Simon Ottavi

Vendredi 20 Octobre 2023 - 13:43

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Publié aux éditions Òmara en avril 2022, « Le Silence des Fantômes » de Jean-Simon Ottavi est un roman qui raconte en 210 pages l’histoire de Romain, aux travers d’une intrigue ayant pour départ la tromperie de Rose, non digérée, mal digérée, qui va ouvrir la boîte de Pandore d’une histoire familiale vouée à l’interdit. Le lecteur est ainsi invité, à travers le miroir prêté par Romain, à entamer lui aussi sa propre quête existentielle.

Inspiré du livre « Le murmure des fantômes » du pédopsychiatre Boris Cyrulnik, « Le silence des fantômes » se veut poser des questions, sans imposer de réponses, sur l’héritage familial inconscient. En effet, Romain est un jeune homme qui mène un cours de vie tranquille sans grande passion ni réel inconfort, jusqu’à ce qu’il apprenne que Rose, sa bien-aimée, l’a trompé avec Franck, un collègue qui travaille dans la même école qu’elle.

Il s’engouffre ainsi dans une souffrance et une colère telle qu’il ne peut trouver d’exutoire que loin d’elle, dans un silence voulu, recherché et entretenu et dans la restauration d’une maison qui était vouée à l’interdit, en paroles et en actions des uns et des autres. Le refuge du silence n’en sera pourtant pas un puisqu’il sera peuplé de bruits, de voix, qui vont avoir l’air de transmettre à Romain les clés du passé et déverrouiller l’impasse dans laquelle il se trouve avec Rose, impasse qui ne semble pas être étrangère à cette maison et à celui qui l’a faite.

Le force du roman est dans sa narration, dans le rythme de cette dernière, dans le style d’écriture de l’auteur, dans son acuité descriptive qui rendent l’immersion facile et plaisante. On a l’impression d’être juste à la droite de Romain et de le voir vivre ces péripéties. On a l’impression d’être le fantôme de plus empêché de dire quoi que ce soit à Romain, souhaitant avec force qu’il découvre lui-même ce dont on semble se douter, mais en fait non. Et tant mieux !

L’histoire est ainsi galvanisée d’un rebondissement qui faisait presque entrevoir en la personne de Romain le produit d’une histoire triangulaire mais en fait non, la génération dont Romain est le seul membre est épargnée du drame du véritable père du jour au lendemain découvert. Pourtant, il sera loin d’être épargné de la tragédie familiale. Et tel est le cœur de l’intrigue…

Le lourd secret familial qui pèse sur la famille de Romain ne repose alors pas directement sur sa personne mais sur un proche de son cercle que le scénario a préservé d’une découverte précoce par le lecteur.

Jean-Simon Ottavi pose ainsi des questions existentielles sur le sens de la vie, l’utilité ou la futilité presque d’être au monde, des circonstances et le contexte d’entrée dans le monde, de leurs conséquences sur le rapport à la vie et les liens endormis soudainement réveillés, hautement sensibilisés et rendus sensibles, par un évènement traumatique entre les membres d’un même arbre généalogique.

Romain qui était, aux premières pages du déroulement de son histoire, un passif spectateur de sa propre existence va, grâce ou à cause de Rose et de ce qu’elle a, elle aussi plus subi que choisi, voir son rapport à la vie complètement changer au travers de ce qui a tout l’air d’être un chemin initiatique, presque une circoncision de l’âme, pour poser des questions là où il n’osait pas ; poser sur table des confrontations familiales longtemps refoulées, réprimées et devenir un acteur de sa propre vie, ou presque…

 

 

Princilia Pérès

Légendes et crédits photo : 

Couverture du livre/DR

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