Les souvenirs de la musique congolaise : Grand Kallé, sa vie et son œuvre

Jeudi 1 Février 2024 - 19:51

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Joseph Athanase Tshamala Kabasele, populairement connu sous le nom de Grand Kallé, figure emblématique de la musique congolaise moderne, est né le 16 décembre 1930 à Mpalabala, village situé à 15 km de Matadi, dans le Bas Congo, en République démocratique du Congo. On l’appelle le père de la musique congolaise pour y avoir introduit des instruments modernes.

Aussitôt après la naissance de Grand Kallé, ses parents se sont installés à Léopoldville, au 136 de la rue Kongolo, aujourd'hui  commune de Kinshasa. Issu d’une famille noble, Kabasele a bénéficié au plan éducationnel de l’encadrement de  son oncle, l’abbé Joseph Malula (futur cardinal). Ses études secondaires se sont sanctionnées par un diplôme de sténo dactylographie, métier qu’il exercera dans plusieurs entreprises commerciales de Léopoldville.

C’est sous l’influence de ses amis que  Kabasele  a embrassé la carrière musicale au début des années 1950, au grand dam de ses parents qui n’apprécient guère le choix de leur enfant. Il démarre son parcours dans la musique sous la férule de Georges Dula et Albert Yamba-Yamba (deux guitaristes des éditions Opika de Moussa Benathar) où il réalise ses premiers enregistrements.

Au fil des mois, le jeune s’affirme comme la figure de proue de sa génération, sa chanson « Para fifi », véritable chef d’œuvre, connaît un retentissant accueil dans la sphère musicale du Pool Malebo et d’Afrique. « Para fifi », titre sublime qui révèle au grand public l’existence d’un musicien extraordinairement créatif. L’immense succès de cette chanson a contribué dès le départ à porter à l’apothéose ce jeune musicien dont le talent s’est révélé à l’âge de 9 ans à l’église où il est chantre. Chronologiquement, Kallé est le premier à se lancer sur les rares tentatives d’une réforme musicale avec l’introduction des instruments modernes, à savoir guitare acoustique, tumba, trompette, saxophone. D’où l’attribution par les mélomanes du pseudonyme ‘’Père de la musique congolaise moderne’’.

En 1953, Kabasele crée l’African Jazz qui était  l’un des premiers groupes excellant  dans la rumba africaine la plus populaire et qui dominait  l’échiquier musical congolais. Ce groupe était composé des grands noms comme le guitariste Nico Kasanda, et son frère Déchaud, le saxophoniste Manu Dibango, les chanteurs Tabu Pascal Rochereau, Mulamba Mojos et Roger Izéidi. En 1960, Grand Kallé  avait créé sa propre édition dénommée Surboum African Jazz où l’Ok Jazz de Franco enregistrait également ses chansons. Au cours de la même année, l’African Jazz était invité à Bruxelles afin d’agrémenter la table ronde où se retrouvait toute la crème politique congolaise venue négocier l’indépendance  auprès des autorités belges. Kallé lança la chanson « Indépendance chacha» qui connut un succès immense à travers l’Afrique. Vicky Longomba qui l’accompagnait au cours de ce voyage composait la chanson « Na weli boboto ». Dans la foulée, Kallé offrait à Franco, qui avait enregistré des chansons sous le label Surboum Jazz, son premier équipement musical. La qualité des œuvres de Grand Kallé était  axée d’abord sur la recherche des nouveaux rythmes qu’il intègrait dans son répertoire avec une alchimie dont il détenait seul le secret.  On trouvait dans les œuvres de Kabasele des partitions éblouissantes de beauté et d’harmonie qui invitaient les mélomanes à l’écoute et à la danse. Ce n’est donc pas un hasard si son parcours etait jalonné des grandes œuvres telles que « African Jazz mokili mobimba» ,« Basi ya African Jazz », « Sophia Sophia », « Loboko na litama », etc.

La vie étant faite d’événements heureux et malheureux, l’African Jazz, de retour de la table ronde de Bruxelles, connut une défection. Une frange de musiciens constituée des têtes d’affiche du groupe, en l’occurrence Tabu Pascal Rochereau, Mulamba Joseph Mujos, Nico, Déchaud, Roger Izéidi quittent le navire African Jazz et créent l’African Fiesta en 1963, laissant seul à bord le Grand Kallé accusé de mégestion par les dissidents.

Après un maquis de deux mois à Bukavu, dans l’Est du pays, sous la houlette de Grand Kallé, l’African Jazz retrouvait ses lettres de noblesse dans l’arène musicale congolaise avec l’arrivée du célèbre chanteur Jeannot Bombenga, Kouka Matthieu, Papa Noël et autres… un Afrcan Jazz totalement rénové que les sympathisants de Kallé découvraient lors de ses différentes prestations dans Léopoldville...

Auguste Ken Nkenkela

Légendes et crédits photo : 

Grand Kallé/DR

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