Zlécaf: 2024, année d’impulsion du plus grand marché commun

Vendredi 2 Février 2024 - 13:41

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Après des hésitations et débuts poussifs, 2024 marquera-t-elle le tournant dans la mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlécaf)? A l'issue de la phase pilote initiée par sept pays du continent, l’élargissement de l’Initiative de commerce guidé (GTI) à vingt-quatre autres pays devrait marquer un tournant pour ce qui est appelé à devenir la plus grande zone de libre échange à l’échelle mondiale.

 Actuellement, quatre-vingt-seize produits peuvent être échangés librement avec des préférences tarifaires dans le cadre de l'Initiative de commerce guidé. Le prochain sommet de l’Union africaine prévu ce mois-ci février devrait aussi encourager davantage l’opérationnalisation de la Zlécaf dont l’opération pilote a été globalement concluante. Toutefois, des efforts sont encore à faire pour que l’Afrique devienne un véritable marché commun. Avec cinquante-trois pays qui ont signé le traité de la mise en place de la Zlécaf, dont quarante-sept l’ont ratifiée, le marché commun africain, appelé à devenir la plus grande zone de libre échange du monde, est bien sur les rails. Malgré que le processus sera lent à se mettre en place,  tout indique que la marche vers la mise en place de ce marché est inéluctable. « Les leçons que nous avons tirées sont qu’en réalité, le secteur privé, à travers le continent, est prêt à tirer profit de la Zlécaf et que les gouvernements doivent agir beaucoup plus rapidement pour répondre à leurs besoins», a souligné le secrétaire général du groupement, Wamkele Mene, ajoutant que «cette année (2024), notre intention est d’accélérer la mise en œuvre de la Zlécaf».

Cette année est celle du lancement de la Zlécaf avec plus de la moitié des Etats africains engagés. Les barrières tarifaires et non tarifaires constituent des obstacles majeurs au développement des échanges au niveau du continent. La Zécaf a mis l’accent sur l’élimination progressive de celles-ci pour stimuler les échanges commerciaux intra-africains. Les échanges dans le cadre de la Zlécaf obéissent au principe de réciprocité qui implique que les avantages consentis par un pays à un autre doivent être réciproques. En éliminant progressivement les barrières tarifaires, les pays africains devraient lever un des obstacles majeurs aux échanges de marchandises intra-africains. Selon la Banque mondiale, «à elle seule, cette mesure permettrait de développer les échanges et d’augmenter le revenu réel de 7% d’ici à 2035». Pour doper les échanges, il faut davantage de routes, autoroutes, de ports, de centres logistiques, des chemins de fer… En clair, pour développer les échanges au niveau du continent, il faut mettre en place des corridors commerciaux et portuaires qui vont faciliter l’acheminement des marchandises et réduire les coûts logistiques qui sont parfois largement supérieurs à ceux des droits de douane. Ensuite, il faut aussi régler le problème des paiements des transactions au niveau du continent où on compte de nombreuses monnaies locales, poussant les opérateurs à passer par des devises fortes (dollar, euro, livre sterling…) pour régler leurs importations. 

Par ailleurs, pour stimuler les échanges, il faut aussi disposer d’une offre suffisante de produits. Or, peu de produits sont transformés sur le continent. D’où l’urgence d’encourager la transformation des produits locaux et l’industrialisation du continent, et donc des échanges portant sur des produits à plus forte valeur ajoutée. Ainsi, selon la Banque mondiale, au niveau des exportations, la Zlécaf devrait permettre d’accroître les exportations africaines de 560 milliards de dollars, essentiellement dans le secteur manufacturier. Toutefois, pour atteindre ce niveau, il faudrait que le marché commun incite davantage de pays à se lancer dans la transformation de leurs matières premières et agricoles. La Zécaf est donc sur la bonne voie. Cet accord qui réunit cinquante-trois pays avec un marché de plus de 1,3 milliard de consommateurs et un produit intérieur brut de plus de 3500 milliards de dollars pourrait contribuer à transformer les économies africaines. Une fois qu’elle sera entièrement opérationnelle, la Zlécaf boostera les échanges commerciaux intra-africains, encore très faibles. Selon les données récentes de la Cnuced, ceux-ci tournent autour de 14,4% du commerce extérieur des pays africains, contre 63% pour les échanges intra-européens et 58% pour les échanges intra-asiatiques (2021). Seulement, pour augmenter sensiblement ce ratio des échanges intra-africains, il faudra que les pays africains révolutionnent leurs économies en misant davantage sur la transformation de leurs produits.

Noël Ndong

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