France : Franck Riester en visite au Maroc pour relancer l’ambition d’investir au Sahara

Lundi 8 Avril 2024 - 8:30

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Après le chef de la diplomatie française, c'était au tour du ministre délégué au Commerce extérieur et à l'Attractivité, Franck Riester, de se rendre au Maroc pour deux jours, les 4 et 5 avril. Une visite placée sous le signe de la relance de la relation avec le Maroc, dans le cadre de la nouvelle feuille de route franco-marocaine.

L'objectif pour le Quai d'Orsay est de « faire vivre le partenariat unique qui unit la France et le Maroc, fondé sur un lien exceptionnel, renouvelé par un agenda politique qui nous permet aujourd'hui de nous projeter sur les trente prochaines années », a-t-on indiqué. La question des investissements français au Sahara marocain a été au centre du déplacement du ministre français du Commerce extérieur, Franck Riester, surtout depuis une autorisation donnée par les autorités françaises aux entreprises publiques françaises. Franck Riester est arrivé au Maroc pour une cérémonie de la Chambre française du commerce pour la signature d’une convention entre la banque publique d’investissements BPI France et Tamwilcom. Cette visite a aussi été l’occasion de rencontrer le ministre marocain du Commerce et de l’Industrie, Ryad Mezzour. Franck Riester a confirmé la volonté de la France d’investir dans des projets au Sahara en accompagnement de la stratégie d’investissement du Maroc dans ses régions du Sud.

Les investissements français ont occupé une bonne partie des discussions entre les deux ministres ainsi qu’avec le ministre délégué chargé de l’Investissement, selon des sources informées, Mohcin Jazouli. Le ministre français a manifesté cet intérêt des autorités françaises de s’allier avec le Maroc sur certains grands projets en saluant les « efforts du Maroc en termes d’investissements dans le Sahara».  Il a aussi annoncé des investissements français au Sahara occidental. Un geste sur un sujet très sensible pour le Maroc qui, depuis plusieurs mois, a demandé à la France de reconnaître sa souveraineté sur cette région.  « Nous souhaitons, nous aussi, accompagner un certain nombre d’investissements dans le Sahara. C’est la raison pour laquelle Proparco pourrait financer notamment la ligne à haute tension entre Dakhla et Casablanca », a annoncé Franck Riester. Face à l’insistance du Maroc, la France a fait le choix de l’investissement pour ne pas avoir à contrevenir au droit international sur la question du Sahara. Cette région, disputée depuis 1975, voit s’affronter le Maroc et le Front Polisario qui, soutenu par l’Algérie, demande l’indépendance. Un sujet très sensible pour Rabat, qui semble se contenter pour cette fois de la réponse économique française.

Reprendre une place sur l’échiquier africain

En soutenant des projets de connexion maritime ou ferroviaire au Maroc, Paris envisage de tirer profit de cet accès direct vers les marchés africains et de reprendre une position stratégique dans ces pays où le sentiment anti-français s’est installé au profit d’autres acteurs internationaux comme la Russie ou encore la Turquie et l’Iran. Le partenariat avec le Maroc, dans ce sens, permettra à la France de profiter de l’excellente image et réputation marocaine en Afrique, d’où son intérêt grandissant à agir en tant que facilitateur pour l’installation de plateformes fluidifiant le commerce et les échanges entre pays africains. L’intérêt de la France pour les investissements au Sahara découle ainsi de cette volonté de reprendre une place sur l’échiquier africain. Avant Franck Riester, le chef de la diplomatie, Stéphane Séjourné, avait annoncé, en février à Rabat, que  Paris allait « accompagner le Maroc dans le développement » du Sahara, incluant un renouvellement de l’agenda politique et en envisageant une feuille de route ambitieuse pour les trente prochaines années. Depuis deux ans, des ministres  français n’étaient  pas arrivés au Maroc, suite à la brouille entre les deux pays après notamment l’affaire Pegasus. Un rebond en plusieurs temps : des visites des ministres de l'Économie, Bruno Le Maire, et de l'Agriculture, Marc Fesneau, sont aussi attendues avant la fin du mois. 

Le Maroc est le premier partenaire commercial de la France en Afrique et premier investisseur africain en France, avec un stock d'investissements directs de 1,8 milliard en 2022. Les échanges entre les deux pays ont atteint un record de 14 milliards d'euros en 2023, et la France est le premier investisseur étranger au Maroc avec la quasi-totalité des entreprises du CAC 40 représentées et 1 000 filiales françaises.

Noël Ndong

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