Université Marien-Ngouabi : le mariage coutumier à titre posthume au coeur d'une thèse

Jeudi 16 Mai 2024 - 19:15

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Erinel Rachyd Ouassaoulou Nianga a soutenu sa thèse de doctorat unique à l’Université Marien-Ngouabi sur le thème  « Les logiques socioculturelles du mariage coutumier à titre posthume chez les Mbosi à Brazzaville ». Il a plaidé pour l’instauration de vraies valeurs sociétales et la valorisation du mariage et de la famille, cellule de base de la société.

 

Devant un jury présidé par le Pr Yvon Norbert Gambeg de l’Université Marien-Ngouabi, avec comme rapporteur externe le Pr Dieudonné Iyeli Katamu de l’Université pédagogique nationale de Kinshasa, l’impétrant a tenté de montrer que les Congolais ont une désaffection pour le mariage coutumier au profit des unions libres communément appelées « Yaka to fanda », à cause du prix  exorbitant actuel de la dot.

Selon le désormais docteur de l’Université Marien-Ngouabi, grâce à la tolérance des familles, ce type de mariage a entraîné la mise en place des stratégies de cohabitation. « La coutume traditionnelle Mbosi interdit à un homme de cohabiter avec une femme non dotée. Car, en cas de décès de la femme, le conjoint vivant est sanctionné et obligé de l’épouser à titre posthume. Cette réparation sociale sert à rendre justice à la famille de la défunte qui avait prêté sa fille à un gendre qui n’était pas encore arrivé au bout de sa procédure, de la compensation matrimoniale », a soutenu Erinel Rachyd Ouassaoulou Nianga.

Pour la réalisation de sa thèse, il a mené des enquêtes dans les arrondissements 5, Ouenzé, et 6, Talangai, à Brazzaville, sur un échantillon total de 257 personnes. Au terme de ses recherches, les résultats montrent que le mariage à titre posthume est un « mariage sanction ». En d’autres termes, une sorte de régularisation qui a pour soubassement les causes socioculturelle, économique, politique et a pour canevas l’urbain.

« La cause socioculturelle prime sur le mariage coutumier à titre posthume du fait qu’elle met en lumière tous les aspects relatifs à la culture, par exemple, l’importance de la dot, la représentation de la femme et la solidarité mécanique qui existe autour de chaque membre d’une famille. La cause économique; quant à elle, est le résultat du contact de l’individu avec la ville qui, par la suite, transforme les mentalités afin de préserver les intérêts individuels qui tournent autour de l’argent », a résumé Erinel Rachyd Ouassaoulou Nianga.

La cause politique se justifie, selon lui, par l’inobservation de la législation de la dot et la tolérance des pouvoirs publics de ne pas vouloir imposer le montant de la dot fixé à l’article 140 de la loi n°073-84 du 17/10/1984 portant code de la famille et de recadrer ou d’interdire le mariage coutumier à titre posthume. « Cependant, la réalité démontre aussi que l’aspect urbain avec le brassage des cultures participe aussi à la pérennisation et à l’évolution de ce type de mariage dans la société congolaise », pense-t-il.

Un travail de recherche qui lui a valu la mention très honorable avec félicitations des membres du jury. L’objectif général de cette thèse dirigée par la Pr Gertrude Ndeko était d’analyser les rationalités qui sous-tendent le mariage coutumier à titre posthume chez les Mbosi.

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Erinel Rachyd Ouassaoulou Nianga défendant sa thèse/DR

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