Gouvernance forestière : la Lékoumou et le Kouilou confrontés à la pollution des rivières

Mardi 4 Juin 2024 - 0:00

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La Rencontre pour la paix et les droits de l’homme (RPDH) a animé, le 1er juin à son siège à Pointe-Noire, notamment dans l’arrondissement 1 Emery-Patrice-Lumumba, une conférence de presse sur la publication de la note de situation de l’action du Centre d’assistance juridique et d’action citoyenne (Cajac), dans le cadre du suivi de la gouvernance forestière, minière, foncière et climatique dans les départements du Kouilou et de la Lékoumou.

Au cours des échanges avec la presse, Fabrice Séverin Aubin Kimpoutou et Franck Loufoua-Bessi, respectivement chargé de la recherche et chargé des programmes de la RPDH ont mis à la disposition de leurs hôtes plusieurs informations contenues dans la note de situation du Cajac, qui est un outil juridique de RPDH dont le but est d’aider les victimes et les témoins d’actes de corruption et de violation des droits à dénoncer les dérives auxquelles ils sont confrontés dans leur quotidien et de porter plainte en toute liberté et confidentialité.  

Sept ans après sa mise en place en mai 2017 au Congo, le mécanisme de gestion des plaintes, Cajac, a réceptionné plus d’une centaine de cas dont les plus inquiétants, les pollutions des rivières et d’air dans la Lékoumou et au Kouilou. En effet, des impacts environnementaux ont également été enregistrés dans le département de la Lékoumou avec la pollution de la rivière Bankoussou, au village Mbomo, dans le district de Zanaga, par la société Sipam TP. Cette pollution expose la communauté riveraine aux infections bactériennes. « Les autorités sont restées  silencieuses et aucune solution n’est envisagée d’après les représentants du Cajac », a-t-on dénoncé. Suite au cri d’alarme de la population, le Cajac a pris la résolution de mener la médiation avec les responsables de cette entreprise pour envisager la construction d’un forage à titre compensatoire.

Dans le département du Kouilou, le village Nkoungou, dans le district de Hinda, est confronté à un sérieux problème d’eau. D’après le Cajac, la seule rivière où la population s’approvisionne est polluée par la société Taman Industries, une entreprise forestière qui y déverse des eaux usées de sa base vie. D’après l’investigation du Cajac, le chef du village de Nkoungou est propriétaire d’une sous-traitance dans cette entreprise, ce qui freine les communautés à dénoncer certains abus.

Cette situation met en lumière l’existence d’un véritable conflit d’intérêt, a expliqué Fabrice Séverin Aubin Kimpoutou : « Le Cajac a ainsi pris l’option de contacter l’autorité hiérarchique, notamment le sous-préfet du district pour lui faire part des difficultés auxquelles la communauté est confrontée. L’autorité a de son côté pris l’engagement de contacter les responsables de la société pour trouver une solution  à cette préoccupation », a-t-il assuré.

Un autre fait, les riverains de l’entreprise Metssa-Congo, usine de recyclage de batteries au plomb usagées et de métaux non-ferreux implantée à Vindoulou, sont victimes de la pollution d’air. Plusieurs actions juridiques ont déjà été menées par les riverains avec l’appui du Cajac. Mais, malgré une mise en demeure de deux mois prononcée par le préfet du Kouilou en novembre 2020, l’entreprise a reouvert ses portes en brandissant un courrier du ministère de l’Environnement qui lui accordait l’autorisation de reprendre ses activités. La population qui ne sait à quel sein se vouer sollicite de l’autorité compétente la délocalisation de l’usine.

Cependant, des prélèvements sanguins réalisés sur un échantillon de ving-six personnes vivant autour de l’usine Metssa-Congo ont révélé une forte concentration de plomb dans le sang. L’affaire est en cours mais curieusement, l’entreprise Metssa-Congo a porté plainte à l’encontre de Cyrille Traoré Ndembi, président du collectif des riverains de cette usine pour diffamation tandis que celui-ci dispose d’un mandat dûment légalisé pour représenter le collectif…

Soulignons que les descentes menées par le Cajac dans le cadre du projet « Forest governance, markets and climate-FGMC » et « Norway’s internatinal climate and Forest initiative (NICFI) soutenus financièrement  par le Foreign commenwealth & développement du gouvernement britanique et l’Agence norvegienne de développement avec l’appui technique de Fern dans deux départements, ont permis au Cajac de recueillir les cas en lien avec le non-respect du droit, à un environnement sain et aux violations des droits des communautés à travers le non-respect des obligations conventionnelles par les entreprises Clip. Des cas liés au droit foncier, notamment l’occupation anarchique de terres et le trafic d’influence, ont été identifiés et couverts par le Cajac.

Face à ces dérives qui ne contribuent pas au développement du pays, la RDPH attire l’attention des pouvoirs publics sur la nécessité de reformer la gouvernance des ressources naturelles, afin d’améliorer les conditions de vie des communautés, et de garantir la prise en charge de leurs droits fondamentaux.

Charlem Léa Itoua

Légendes et crédits photo : 

Vue des conférenciers/Adiac

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