Rencontre littéraire : Princilia Bokapa raconte son parcours de personne drépanocytaire

Jeudi 20 Juin 2024 - 19:55

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L’auteur du roman « De l’ombre à la lumière » publié en 2017 aux éditions L’Harmattan, Minel Princilia Bokapa, a tenu une rencontre littéraire le 19 juin à l’Institut français du Congo (IFC), dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de la drépanocytose, afin de lever le voile et de briser les murs du silence sur cette maladie dont elle souffre depuis sa tendre enfance.

La drépanocytose est une maladie génétique qui affecte les globules rouges, responsables du transport de l’oxygène dans le sang. Le plus souvent diagnostiquée à la naissance, elle se traduit par de l’anémie, une plus grande vulnérabilité aux infections et des crises douloureuses affectant divers organes

Dans le roman de 167 pages comportant onze chapitres, Minel Princilia dépeint la drépanocytose sous tous ses aspects, abordant aussi bien les luttes physiques que psychologiques qui en demeurent le point central à ses yeux. « L’une des raisons pour lesquelles je présente ce livre aujourd’hui après l’avoir rédigé il y a sept ans, est le fait que je ne me sentais pas prête à défendre mes idées à l’époque. Il n’y avait pas de carrière de littérature ni de visée littéraire mais c’était un moyen pour moi de coucher dans un livre tout ce qui était de mes blessures et de mes frustrations liées à cette maladie. La drépanocytose n’est pas un choix de vie mais plutôt un problème de gènes », a dit Princilia au début de son allocution.

Le combat de vie de l’auteur contre la maladie commence à l’âge de 2 ans. Pourtant, insouciante au départ, elle se retrouve au fil du temps  confrontée au regard des autres, de la société, d’une vie amoureuse impossible, d’un rejet amical loin de lui être favorable,  affrontant ces difficultés par une attitude défensive qui se mêle à de l’incompréhension, à une lutte au départ extérieure qui l’atteint dans son for intérieur, la retranchant  dans la solitude et l’autodépréciation. « Les signes assez inquiétants ont commencé à apparaître sur moi comme le gonflement récurrent des mains et des pieds, une coloration anormale  des yeux, des doigts et des orteils, des pleurs incessants et des épisodes de fièvres inexpliquées. Après plusieurs consultations sans résultats dans les grands hôpitaux, la question venait donc à être posée : et si c’était la drépanocytose ? », a-t-elle expliqué.

Ajoutant, « quand on fait ses premiers pas de manière tout à fait consciente dans la maladie, la question qui nous vient souvent à l’esprit est pourquoi moi, mieux pourquoi seulement moi ?  On a l’impression de subir une énorme injustice de la providence. Parce que même seul ou soutenu, et ça seulement si on a de la chance, personne ne sait, personne ne peut comprendre ». Une expérience sombre au départ mais qui a cependant pris une allure spirituelle, une rencontre avec soi, l’âme et Dieu. Elle s’est avérée salutaire car l’auteur a transformé cette expérience en un vécu subtil et lumineux. « Le vilain petit canard devient un magnifique cygne », a renchéri Princilia.

Cet ouvrage est une dynamique, un voyage à travers différents états d’âme, allant telle une palette d’arc-en -ciel, d’un vécu morne à une expérience de sublimation et un besoin d’expression. La plume très intime de l’auteur aborde des thématiques sensibles auxquelles plusieurs personnes se retrouveront et trouveront l’occasion d’agir. Notamment la découverte de la maladie, les vécus et les crises de mon enfance, l’entrée au secondaire, l’université et son universalité, aujourd’hui et moi, une société meilleure et possible, je suis, alliance des revêtements et biens d’autres.

Née en 1992 à Brazzaville, Minel Princilia Bokapa Ewe a fait des études de médecine à l’Université Marien-Ngouabi pendant six ans avant de découvrir sa passion pour les lettres et de se consacrer entièrement à l’écriture. A côté de son métier d’écrivaine, elle fait de la poésie et du slam et évolue en tant que pigiste aux Dépêches du Bassin du Congo.

Divine Ongagna

Légendes et crédits photo : 

Princilia au micro lors de la présentation du livre/ Mirna K.

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