Envois des fonds à l’étranger : attention aux comportements contreproductifs!Lundi 5 Août 2013 - 20:00 Le Fonds monétaire international (FMI) a créé la surprise en mettant en garde les économies en développement contre cette pratique qui a concerné plus de 400 milliards de dollars américains en 2012, et représenté 5% du PIB de soixante pays, mais dont on est encore loin de maîtriser tous les effets, surtout en cas de mauvaise politique d’encadrement. Selon un expert du FMI, ce flux des capitaux peut apporter autant une bouffée d’oxygène aux familles que freiner la croissance d’un pays. En effet, l’argent envoyé sert à la consommation et, de ce fait, ne constitue pas à proprement parler un investissement dans l’économie. En plus, il n’est pas sûr que le bénéficiaire ne consomme qu’exclusivement les produits locaux pour alimenter la croissance. Le risque de déperdition est bien réel car les devises étrangères sortent aussitôt entrées dans le pays. C’est visiblement le premier comportement contreproductif qui étaye la thèse selon laquelle les envois de fond ne profitent pas seulement à l’économie locale. L’argent envoyé sert en grande partie à aider les familles à faire face aux frais scolaires et académiques. Il est aussi établi qu’une bonne partie des bénéficiaires s’en servent aussi pour leur propre formation. Après avoir ainsi renforcé leur éducation, ils émigrent vers l’étranger à la recherche du mieux-être. Cela ne fait que contribuer davantage à la fuite des cerveaux et constitue aussi un autre comportement contreproductif. Toute l’embellie traduite par des meilleurs systèmes d’éducation et de santé financés en partie par les envois de fonds ne fait que concourir aux efforts des familles pour faire partir un autre de ses membres à l'étranger afin qu’il envoie à son tour des fonds. Toutefois, il ne peut être négligé l’apport évident en termes de recettes fiscales. En effet, ces envois encouragent la consommation et, à ce titre, c’est la base d’imposition qui s’agrandit. Mais il faut encore que le gouvernement sache mettre en œuvre des taxes sur la consommation ou le commerce, voire les importations. L’espace budgétaire ainsi créé est très souvent fragilisé par la montée de la corruption. Tout le défi est de continuer à maintenir un contrôle suffisamment rigoureux sur le gouvernement. En effet, un autre comportement contreproductif serait un relâchement du gouvernement dans les secteurs et services pris en charge par les envois de fonds, notamment l’éducation et la santé. Mais il y a des craintes. En premier lieu, le bénéficiaire n’exercera plus une pression suffisante sur le gouvernement afin que soit pris en compte son droit à bénéficier des services de qualité. Et du côté du gouvernement, la tendance serait à réduire ses interventions car il est assuré de la prise en charge de ces secteurs par les envois extérieurs. En conclusion, pour le FMI, le point d’équilibre à atteindre est de faire de ces envois à la fois un moyen d’atténuer la pauvreté mais aussi une source de capital pour le développement d’un pays. L’une des idées avancées est de canaliser ces fonds vers l’épargne. Toute la démarche est de faire en sorte que les gens n’aient pas accès directement à l’argent. En recourant aux banques, il y aura suffisamment d’argent pour financer le développement et créer une épargne. Laurent Essolomwa |