Polémique autour de la Sape : le gouvernement soutient le mouvementSamedi 17 Août 2024 - 13:30 Comme à l’accoutumée, quelques sapeurs congolais de la diaspora ont été invités par le gouvernement à assister au défilé marquant le soixante-quatrième anniversaire de l’indépendance du Congo. Une occasion tout indiquée pour certains d’entre eux, notamment le chef de la délégation, le sapologue Ben Moukacha, de redresser les choses quant à la polémique née suite aux propos tenus contre leur mouvement par un célèbre écrivain franco-congolais. Dans une récente intervention médiatique, le réputé écrivain franco-congolais Alain Mabanckou a indiqué que la Sape (Société des ambianceurs et des personnes élégantes) atrophie la jeunesse congolaise et n’apporte rien. Depuis cette intervention, les sapeurs de tout horizon, en commençant par ceux de la diaspora à l’instar de Jocelyn Armel alias Le Bachelor (patron de Connivences boutique), Norbat de Paris, et bien d’autres n’ont cessé de réagir. L’un des doyens de la Sape, le sapologue Ben Moukacha, résidant en France et en séjour à Brazzaville sur invitation des autorités congolaises à l’occasion du double événement, à savoir la célébration du soixante-quatrième anniversaire de l’indépendance de la République du Congo et de la huitième édition du festival de la Sape, ainsi que Filizioni Dalizioni, lui aussi résidant en France, et Marcel Nganongo, administrateur-maire du cinquième arrondissement de Brazzaville, Ouenzé, ont réagi vivement à propos de cette polémique. « Nous n’avons pas aimé cette façon de vilipender la sapologie. Nous sommes ici pour dire que la Sape est là. Ce n’est pas la peine de nous distraire. La sapologie, c’est un atout pour le Congo. Ce que les gens ne comprennent pas, c’est que nous sommes dans l’industrie de la mode. Quand on cite les grosses fortunes en France et ailleurs, c’est dans le vêtement. Bernard Arnaud, le plus riche de la France, a fait sa fortune dans l’industrie de la mode. Gianni Versace et Antonio Armani, c’est aussi dans l’industrie de la mode. Nous voulons aujourd’hui que notre pays comprenne que nous ne devons pas seulement être des consommateurs philos, mais nous devons aussi avoir des créateurs, des stylistes modélistes et les encourager », a répondu modestement le sapologue Ben Moukacha. A propos de sa présence à Brazzaville, il a indiqué que le gouvernement a toujours invité un échantillon des sapeurs de la diaspora aux festivités de la célébration de l’indépendance du Congo. Pour cette année, cinq ont été invités et cette marque de considération montre combien la Sape fait partie de la culture congolaise. « A mon avis, le sujet a été mal traité par cet écrivain qui a suscité cette polémique. Car, même si vous êtes écrivain, ingénieur, vous devez savoir que vous n’avez pas le monopole de l’intelligence. La Sape c’est une culture, il ne faut pas dire à une personne d’aller construire des immeubles parce que c’est un sapeur. La Sape, c’est un état d’esprit. Dans la Sape, nous avons des ingénieurs, des maçons, des médecins. Pour preuve, nous venons de perdre le Dr Ngobila, docteur en gynécologie (on vient de l’inhumer il y a quelques jours), et pourtant, c’était un grand sapeur, l’un des présidents des associations des sapeurs ici à Brazzaville. Donc, la Sape, c’est une culture », a-t-il expliqué. Une portée scientifique considérable Le point de vue du sapologue Ben Moukacha a été soutenu par l’administrateur-maire de Ouenzé, Marcel Nganongo, organisateur du festival de la Sape, dont la huitième édition a rendu hommage à Ngoma Marhon et N’Zinga Akuis, pour avoir hissé l’idéologie de la Sape de leur vivant. Cette édition s’est tenue sur le thème « Sape : instrument de la promotion de la paix et de l’unité nationale ». Pour Marcel Nganongo, la Sape a une portée scientifique considérable. « Je ne cesse de le répéter et de souligner que la Sape est l’un des éléments constitutifs de notre culture, la culture congolaise. A l’occasion de la conférence mondiale sur les politiques culturelles tenue à Mexico-City, du 26 juillet au 6 août 1982, à propos de la culture, l’Unesco déclarait : "La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances" », a martelé l’administrateur-maire de l’arrondissement 5 Ouenzé. Alors, dans l’esprit de cette assertion, « comment ne pas reconnaître que la Sape fait partie de notre culture. Elle est l’un des éléments de notre identité culturelle. Les sociologues et les ethnologues pourront le développer mieux que ma modeste personne, en remontant depuis les origines de ce phénomène jusqu’à sa célébration actuelle », a ajouté Marcel Nganongo. Enfin, pour Filizioni Dalizioni, un autre sapeur très populaire de la diaspora en séjour lui aussi à Brazzaville, « La Sape, c’est un sérieux mouvement qui unit les peuples ». Précisons que Ben Moukacha et Filizioni Dalizioni ont reçu tous les deux le Prix de soutien à la culture de la Sape. Ils profitent de leur séjour au Congo pour mettre en avant une sape bénéfique et lucrative grâce à des investissements, des productions et des revenus. Bruno Zéphirin Okokana Légendes et crédits photo :1-Le sapologue Ben Moukacha et son jeune frère Filizioni Dalizioni / Adiac
2- Kiki Lamane, 91 ans, doyen des sapeurs congolais/ Adiac
3-L’administrateur-maire de l'arrondissement 5, Ouenzé, soutenant la Sape / DR
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