Entrepreneuriat : Horchely encourage les agriculteurs à se tourner vers l'agroécologie

Vendredi 23 Août 2024 - 14:57

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L'agroécologie est de plus en plus reconnue dans le contexte actuel de crise environnementale et socio-économique. Les pratiques agricoles conventionnelles ont eu des impacts négatifs sur l'environnement, tels que la dégradation des sols, la pollution de l'eau et la perte de biodiversité. Des pratiques qui ont également conduit à la dépendance des agriculteurs vis-à-vis des intrants chimiques pour améliorer leurs cultures. Horchely Mboumba, responsable du projet agricole à Essor, nous en parle et encourage les agriculteurs à se tourner vers l'agroécologie.

 

 

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Qu'est-ce que l’agroécologie ?

Horchely Mboumba (H.M.) : L'agriculture écologique ou agroécologie est une approche holistique de l'agriculture qui prend en compte les interactions entre les plantes, les animaux, les humains et l'environnement dans son ensemble. Elle a pour base l'utilisation durable des ressources naturelles, la protection de la biodiversité, la promotion de la santé des sols et la réduction des impacts négatifs sur l'environnement. En terme clair, cette agriculture ne dérange pas l'écosystème. Résultat, les micro-organismes du sol sont abondants d’une grande diversité et les insectes tels que les abeilles, les bourdons, les fourmis, les papillons ou les mouches jouent correctement leur rôle de pollinisateurs et assurent le transport de pollen de 80 % des plantes à fleurs. Or, ces insectes pollinisateurs sont victimes de la réduction de leur habitat à cause de la pollution, du changement climatique, et à l'utilisation des produits chimiques.

L.D.B.C. : De ce fait, il est plus qu'urgent de renoncer à l’utilisation des intrants chimiques ?

H.M. :  Effectivement, vu que l'utilisation abusive et sans respect des normes des intrants chimiques (même s’ils accélèrent la croissance des plantes, leur donne un bel aspect et un rendement apparemment meilleur), est nuisible à l'environnement, à la santé de l'agriculteur mais aussi à celle des consommateurs. En plus, ils acidifient le sol avec des conséquences graves sur les animaux, notamment les vers de terre, appelés aussi architectes des sols fertiles, ce qui occasionne une perturbation de l’activité biologique dans les sols (dégradation lente de la matière organique) et la modification de la structure des sols.

L.D.B.C : Quels sont les avantages économiques ?

H.M.: L'agroécologie encourage la production locale, la vente directe et les circuits courts, ce qui favorise la création d'emplois locaux dans les zones reculées. Les agriculteurs peuvent également diversifier leur production en ajoutant des cultures, des élevages, des activités de transformation et de vente, ce qui crée des emplois supplémentaires. L'agroécologie utilise des techniques agricoles respectueuses de l'environnement et favorise la diversification des cultures, réduisant les coûts de production pour les agriculteurs. Les pratiques agro écologiques telles que la rotation des cultures, l'utilisation de compost et de fumier, la lutte biologique contre les ravageurs et la réduction de l'utilisation de pesticides et d'engrais chimiques permettent aux agriculteurs de réduire leurs coûts d'entrée et de maintenir des sols sains et fertiles. De plus, en vendant directement aux consommateurs, les agriculteurs peuvent éliminer les coûts de transport et de commercialisation associés à la vente en gros.

L.D.B.C  : Quels sont les défis de l'agroécologie ?

H.M. : La plupart des agriculteurs sont analphabètes ou semi analphabètes et donc, leur formation aux techniques agro écologiques est un défi majeur pour la diffusion de cette approche. L'agroécologie implique une transformation profonde des pratiques agricoles qui nécessitent un savoir-faire spécifique. Les agriculteurs doivent apprendre à travailler selon les cycles naturels, à favoriser la biodiversité et à utiliser des techniques telles que l'agroforesterie, la rotation des cultures et la lutte biologique. Des initiatives ont été lancées dans plusieurs pays pour les accompagner dans cette transition, en proposant des conseils techniques. Ces initiatives doivent être encouragées et développées pour permettre une transition rapide vers des systèmes agricoles durables. A Essor, quand nous formons, nous apprenons aux agriculteurs et aux maraîchers la fabrication des bio pesticides, par exemple, car c'est déjà plus facile à utiliser que les intrants chimiques.

L.D.B.C : Comment faire pour que l'agroécologie devienne une réalité et non un slogan ?

H.M : C'est vrai que ce n'est pas facile, mais à Essor, nous travaillons régulièrement sur cette question et nous multiplions les sessions de travail afin que nos bénéficiaires sortent avec le plus de connaissances possibles sur l'agroécologie. Mais ce qui empêche souvent certains agriculteurs à sauter le pas est la peur de ne pas obtenir un rendement rapide. Pour certains, seul le bénéfice compte peu importe les retombées sur la santé du sol, des consommateurs et la leur. Une prise de conscience collective et un accompagnement adéquat de ces gardiens des ressources naturelles (producteurs) restent le défi à relever par tous.

Propos recueillis par Berna Marty

Légendes et crédits photo : 

Horchely Mboumba, responsable du projet agricole à Essor/DR

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