Chronique « renessence » : dix signes que ce n'est pas le bon moment

Jeudi 7 Novembre 2024 - 21:13

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Cet article aurait pu s'intituler aussi " Dix signes que ce n'est pas le bon " pour parler de ces amoureux qui nous tiennent la tête dans la confusion entre " ils nous aiment ou nous aiment pas ". Mais avant d'en arriver là, il est crucial de dire d'abord à nos chers adolescents drépanocytaires, l'amour à cet âge-là, ce n'est pas le bon moment.

 

L'amour à l'adolescence, quand on est drépanocytaire, ce n'est pas le bon moment. Nos amis de ce bel âge ne seront peut-être pas contents de le lire, mais il faut dire ce qui est et nous allons vous en donner cinq bonnes raisons.

La première est sans doute sanitaire. À l'adolescence, la personne drépanocytaire s'en va lentement et sûrement vers une période sanitaire plus stable où il y a bien moins de crises. Mais avant cela, elle peut manifester ce que nous appelons, nous personnellement, des " crises-barrages ", une observation tout à fait personnelle, qui ne sont arrivées que très peu de fois dans notre histoire de vie et pour cause, elles étaient mortellement douloureuses et ont engagé ces fois-là notre pronostic vital, à des âges charnières, des âges de transition et en l'occurrence à l'adolescence. Avant le calme vient la tempête, chez nous elle se sera manifestée par une angine de poitrine à l'âge de quinze ans. Nous vous passons les commentaires.

La deuxième est encore sanitaire. Le corps de la petite fille drépanocytaire devient celui d'une femme, et elle va découvrir ce qu'est la perte de sang mensuelle, et si cet évènement peut être anodin, il n'en demeure que c'est une perte de sang qui peut nécessiter une compensation selon les cas, c'est un nouveau rythme pour la jeune-fille auquel il va falloir s'habituer, auquel son corps va devoir s'adapter, emmenant peut-être des absences de plus à l'école, des sorties en moins avec le copain.

Chez le jeune garçon, selon les cas, il peut y avoir certaines complications de santé sexuelle liées aux crises vaso-occlusives qui peuvent siéger dans la verge et provoquer des érections très douloureuses. À l'âge des premières relations sexuelles, c'est une éventualité qui peut arriver, mais n'arrive pas toujours, chacun ayant une expérience tout à fait personnelle de sa maladie tout comme tous peuvent faire un palu mais tous ne le font pas toujours de la même façon. Une discussion ouverte avec le médecin traitant permet de faire le point sur sa situation personnelle et savoir que faire pour prévenir et traiter cette crise particulière au cas où elle adviendrait.

La troisième raison est encore sanitaire liée à la possibilité de faire un enfant. Contrairement à certaines idées reçues, les personnes drépanocytaires sont fécondes, aussi fécondes que les personnes dites saines et l'âge de la puberté est l'âge où l'organisme accède à la capacité de procréation. Avant de s'engager dans la vie sexuelle, il faudrait veiller à éviter les grossesses précoces, sachant que la grossesse de la jeune-femme drépanocytaire nécessite un encadrement et des protocoles particuliers et que le très jeune âge est un risque à part entière de ne pas être en mesure de mener une grossesse à terme. Une grossesse devrait être un processus mûrement réfléchi, car chez les personnes qui veulent s'engager dans une vie maritale et familiale, lorsqu'on est drépanocytaire intervient la nécessité de connaître son profil électrophorétique et celui de son partenaire pour prévenir les difficultés ou les " incompatibilités " sanguines, nous précisons entre guillemets parce que c'est tout un débat que nous aborderons le temps venu.

La quatrième raison est toujours sanitaire, car avec une vie sexuelle active vient non seulement le risque des grossesses précoces, mais aussi celui des infections sexuellement transmissibles dont le sida. Il existe dans la drépanocytose une notion de faiblesse immunitaire qui devient conséquente voire dramatique lorsqu'elle rencontre celle du sida. Les comorbidités ne sont jamais des combos gagnants. Bien au contraire.

La cinquième raison est encore et toujours sanitaire, liée au stress. Les relations amoureuses à l'adolescence sont souvent sources d'un stress important lié aux petites histoires à côté. Les triangles amoureux, les copains et les copines malveillants, les jalousies, les coups bas, les petites violences et les grandes, le harcèlement, les prises à parti. Il n'y a pas à dire comme ça mais l'adolescence est une période précaire pour une personne drépanocytaire et si l'heureux élu peut être quelqu'un de bien animé de bonnes intentions et qui a une bonne influence sur votre ado, les à côté sont souvent très compliqués et parfois peuvent tourner au drame. Le stress étant déconseillé dans la maladie, les relations d'amour à cet âge, il vaut mieux éviter sauf si on parle de mariage. Dans votre cas, est-ce le cas ? À cet âge, est-ce le temps ? Il faut alors justement laisser le temps au temps, grandir et travailler votre valeur personnelle, votre avenir.

Princilia Pérès

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