Présence militaire française: le Tchad et le Sénégal dénoncent les propos d’Emmanuel Macron

Mardi 7 Janvier 2025 - 20:03

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Le Tchad  et le Sénégal ont déploré « l’attitude méprisante » du président français, Emmanuel Macron, qui a estimé que les dirigeants africains avaient « oublié de dire merci » à la France sans laquelle certains ne seraient plus à la tête de pays souverains - grâce au déploiement de l’armée française dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.

Le chef de la diplomatie tchadienne, Abderaman Koulamallah, et le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko  ont dénoncé des propos « totalement erronés » pour le premier, une « attitude méprisante » pour le second. Le Tchad a exprimé sa « vive préoccupation à la suite des propos tenus récemment par le président de la République française, Emmanuel Macron, qui reflètent une attitude méprisante à l’égard de l’Afrique et des Africains »,  peut-on lire dans un communiqué du chef de la diplomatie tchadienne, rappelant « qu’il n’a aucun problème avec la France » mais que « les dirigeants français doivent apprendre à respecter le peuple africain ». Ousmane Sonko a, à son tour, contesté  que le retrait annoncé des soldats français du Sénégal ait donné lieu à des négociations entre Paris et Dakar. Il s’est inscrit en faux contre des propos du président Emmanuel Macron sur l’engagement militaire français en Afrique, qualifiant de « totalement erronés », l’affirmation selon laquelle le départ annoncé de soldats français ferait suite à une proposition de la France,  et que celle-ci aurait laissé aux pays concernés par une réorganisation de la présence militaire française la primeur d’annoncer de tels retraits.

Le président français a déclaré, le 6 janvier, lors de la conférence des ambassadeurs français, que la France a eu « raison » d’intervenir militairement au Sahel contre le terrorisme depuis 2013, mais les dirigeants africains ont « oublié de nous dire merci », estimant qu’« aucun d’entre eux » ne gèrerait un pays souverain sans cette intervention, et ironisant : « C’est pas grave, ça viendra avec le temps». Dans son communiqué, le chef de la diplomatie tchadienne rappelle notamment le « rôle déterminant » de l’Afrique et du Tchad dans la libération de la France lors des deux guerres mondiales que « la France n’a jamais véritablement reconnu » ainsi que « les sacrifices consentis par les soldats africains ». Ajoutant : « Le peuple tchadien aspire à une souveraineté pleine et entière, à une véritable indépendance, et à la construction d’un État fort et autonome ». Le Tchad constituait le dernier point d’ancrage de la France au Sahel, avec environ un millier de soldats stationnés. Des troupes et des avions de combat français ont été stationnés au Tchad sans discontinuer depuis l’indépendance en 1960, servant à la formation et l’entraînement des militaires tchadiens.

Fin novembre, le Tchad  et le Sénégal ont  annoncé par surprise qu’ils mettaient fin à l’accord militaire entre Paris et N’Djamena, actant la fin de soixante ans de coopération militaire depuis la fin de la colonisation française. Les opérations de retrait de l’armée française ont débuté en décembre.  Menacé par des offensives rebelles, Déby père a pu compter sur l’appui de l’armée française pour repousser celles-ci en 2008 puis en 2019. La France a compté jusqu’à plus de 5 000 militaires au Sahel dans le cadre de l’opération antijihadiste Barkhane, stoppée fin novembre 2022. Entre 2022 et 2023, quatre anciennes colonies françaises, le Niger, le Mali, la Centrafrique et le Burkina Faso, ont enjoint Paris à retirer son armée de leurs territoires, où elle était historiquement implantée et se sont rapprochées de Moscou. Début janvier, la Côte d’Ivoire a également annoncé que la base militaire française de Port-Bouet près d’Abidjan serait rétrocédée au pays.

Noël Ndong

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