Coopération : le président Joao Lourenço en visite d’Etat à ParisJeudi 16 Janvier 2025 - 22:00 Le président français, Emmanuel Macron, a reçu son homologue angolais, João Lourenço, en visite d’Etat à Paris. A travers celle-ci, la France espère élargir ses alliances sur l’Afrique au-delà de sa zone naturelle francophone. Entre ambitions économiques, dossiers géopolitiques complexes et symbolisme diplomatique, la visite d’Etat du président Joao Lourenço reflète une volonté commune de renforcer les liens entre la France et l’Angola, tout en répondant aux défis régionaux et internationaux. Nouvel allié stratégique de Paris, Luanda consolide sa place centrale dans l’architecture énergique mondiale. La visite du président angolais s’inscrit dans la volonté de renforcement des liens politiques, culturels et économiques entre les deux pays. Les deux présidents ont échangé sur plusieurs grands sujets régionaux et internationaux alors que le président Joao s’apprête dans quelques semaines à prendre la présidence de l’Union africaine (UA). Une coopération renforcée face aux défis géopolitiques Depuis 2018, l’Angola et la France ont ouvert la voie à un renforcement de leur partenariat bilatéral dans plusieurs domaines, à savoir l’agriculture, la défense, le spatial, l’éducation, la culture, l’enseignement supérieur, etc. A travers cette visite d’Etat, les deux pays posent « un acte fort », a déclaré Emmanuel Macron, en renouvelant l’acte de coopération générale qui liait Luanda et Paris depuis 1982, en cette année « où l’Angola célèbre le 50e anniversaire de son indépendance ». L’Angola et la France se sont aussi engagés à renforcer leurs consultations politiques pour « mieux faire ensemble face aux enjeux globaux internationaux et régionaux », a souligné le président français. D'autres axes de coopération qui viennent densifier et diversifier le partenariat, l’agriculture, l’enseignement supérieur, la science et la technologie, l’innovation ; l’environnement, le mémorandum sur la sécurité alimentaire de 100 millions d’euros ; un accord de sécurité intérieure contre l’immigration irrégulière, le terrorisme de la criminalité transnationale et le trafic. L’intégration de l’Angola, d’obédience portugaise au sein l’Organisation internationale de la francophonie, avec l’ouverture à venir d’un lycée bilingue franco-portugais et le développement de programmes éducatifs constitue un autre signe d’une consolidation des relations entre les deux pays. Emmanuel Macron a également évoqué un engagement dans le domaine de la santé. Au total, c’est plus de 430 millions d’euros de contrats et d’investissements qui ont été signés et concrétisés dans le cadre de cette visite d’Etat. La France comptant « aller plus loin encore... », a souligné son président, ajoutant qu'avec le corridor de Lobito, infrastructure ferroviaire et routière cruciale pour toute la région, qui relie la Zambie, la République démocratique du Congo (RDC) à l’océan Atlantique en traversant l’Angola dont la plupart des entreprises présentes sont européennes, et dont « la France et l’Union européenne se tiennent à vos côtés pour ce projet majeur ». La France devient donc le principal investisseur en Angola, surtout dans le secteur pétrolier, où les investissements s’élèvent à 18 milliards d’euros. Coopération régionale et globale Les deux chefs d’Etat sont revenus également sur les grands sujets de coopération régionale et globale, la biodiversité, les océans, la forêt, avec la conférence des Nations unies qui se tiendra en juin à Nice, également le sommet de l’intelligence artificielle en février, et dont « la France souhaite ardemment que l’Afrique soit au cœur des préoccupations », et enfin l’agenda croisé. Dans quelques semaines, l’Angola va prendre la présidence de l’UA, et la France aura, en 2026, la présidence du G7 . Les deux dirigeants ont convenu d’un travail ensemble, et de poursuivre la meilleure représentation de l’Afrique dans toutes les instances internationales, en particulier le Conseil de sécurité des Nations unies. Les échanges ont également porté sur les Grands Lacs. Au centre notamment le processus de paix dans l’Est de la RDC, où João Lourenço joue un rôle clé en tant que médiateur entre Kinshasa et Kigali. Avec la présidence de l’UA qui revient bientôt à l’Angola, cette visite se révèle stratégique. Alliance et défis géopolitiques Paris, qui soutient activement les efforts du processus de Luanda, encourage une relance des négociations, malgré les récentes impasses diplomatiques. Emmanuel Macron a salué le « rôle » de son homologue angolais. « La France soutient votre investissement sans relâche », a-t-il martelé. Pour lui, la « priorité doit aller au dialogue dans la recherche d’une paix durable dans le respect de l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo », apportant un soutien sans failles au président angolais. Cette dimension internationale s’inscrit dans un contexte de rivalités croissantes entre grandes puissances en Afrique, notamment face à la Chine et à la Russie. Le président angolais est revenu sur l’état des relations bilatérales entre les deux Etats, et sur les questions internationales. Son pays aspire à réduire sa dépendance au pétrole en misant sur des secteurs tels que l’agriculture, les infrastructures ferroviaires et la gestion des ressources naturelles, la santé, les minerais, le gaz, la marine marchande, etc, secteurs dans lesquels les groupes français peuvent investir. Il est revenu sur les « intérêts réciproques » entre la France et l’Angola, puis, il a évoqué les conflits, dans la région du Sahel, les guerres en Afrique et dans le monde, les conflits entre la RDC et le Rwanda , le Soudan. « Il est urgent de mettre fin à ces conflits », a-t-il déclaré. La consolidation diplomatique des relations entre Luanda et Paris est d’autant plus profitable que la France a connu une série de revers stratégiques en Afrique ces dernières années. Noël Ndong Notification:Non |