RDC : l'ONU craint le pire et veut une enquête

Samedi 8 Février 2025 - 10:11

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Le pire est à craindre pour les habitants de l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) et la région, a alerté, le 7 février, l'Organisation des Nations unies (ONU), réclamant une enquête internationale sur les violations des droits de l'homme.

Réunis en session extraordinaire, les 47 Etats membres du Conseil des droits de l'homme de l'ONU doivent décider s'ils lancent une mission internationale chargée d'examiner les exactions commises dans l'Est de la RDC.

"Nous appelons ce Conseil à tenir le Rwanda responsable de ses crimes", a demandé le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, aux diplomates. "Si rien n'est fait, le pire est peut-être encore à venir pour les habitants de l'Est, mais aussi au-delà de la RDC", a alerté pour sa part le chef des droits de l'homme de l'ONU, Volker Türk, affirmant que le risque d'escalade de la violence dans la région n'a jamais été aussi élevé.

Kinshasa a demandé cette réunion extraordinaire, avec le soutien de près de 30 des 47 pays membres du Conseil après que le M23, soutenu par le Rwanda, a pris le contrôle de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, région riche en ressources minières.

Officiellement, Kigali souhaite détruire les Forces démocratiques de libération du Rwanda. Ce groupe armé, créé par d'ex-responsables Hutus du génocide en 1994 des Tutsis, est considéré comme une menace par le Rwanda, qui affirme également vouloir protéger les minorités Tutsis en RDC.

L'ambassadeur rwandais à Genève, James Ngango, a assuré au Conseil que "suite à la chute de Goma, de nouvelles preuves ont émergé concernant une attaque imminente de grande envergure contre le Rwanda". De nombreux pays, en particulier africains, ont toutefois apporté leur soutien à la RDC.

"Le viol collectif de femmes à la prison de Goma,le 27 janvier, s'il devait être confirmé, est susceptible de constituer un crime de guerre ; tout comme la mort de trois casques bleus de la Monusco qui doit pouvoir exercer sa mission de protection des civils. Ces crimes ne doivent pas rester impunis", a déclaré l'ambassadeur français, Jérôme Bonnafont.

La Chine condamne aussi "les attaques contre les civils et soldats de la paix", a indiqué son ambassadeur, Chen Xu, mais "préconise des solutions africaines aux problèmes africains". Une formule reprise par le représentant turc.

500 000 personnes déplacées depuis début janvier

"Depuis le 26 janvier, près de 3 000 personnes ont été tuées et 2 880 blessées. Les chiffres réels sont probablement beaucoup plus élevés", a indiqué Volker Türk, se disant "très préoccupé par la prolifération d'armes et le risque élevé de recrutement et de conscription forcée d'enfants". Son équipe vérifie les multiples allégations de viol et d'esclavage sexuel à travers les zones de combat.

Volker Türk demande l'ouverture d'"une enquête indépendante et impartiale sur les violations et les abus aux droits humains, et les violations du droit international humanitaire, commises par toutes les parties". Plus de 77 organisations de défense des droits humains, dont Human rights watch, ont publié une lettre commune appelant aussi à une enquête internationale.

Le projet de résolution déposé par la RDC demande au M23 et au Rwanda de mettre immédiatement fin à ces violations dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Il prévoit l’établissement d'urgence d'une mission chargée d'examiner les violations commises depuis janvier 2022, dans le but d'identifier les auteurs de crimes afin qu'ils puissent par la suite être jugés.

En plus de trois ans de conflit, l'armée congolaise n'a cessé de reculer dans l'Est du pays. Plus de 500 000 personnes ont été déplacées depuis début janvier. "Faites taire les armes, arrêtez l'escalade", a exhorté, le 6 février, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

La communauté internationale et des pays médiateurs comme l'Angola et le Kenya tentent de trouver une issue diplomatique à la crise, craignant un embrasement régional. Kinshasa réclame des sanctions contre Kigali.

 

D'après AFP

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