Conflit en RDC : l’EAC et la SADC appellent à un « cessez-le-feu immédiat »

Lundi 10 Février 2025 - 13:46

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Réunis le 8 février à Dar es Salam, en Tanzanie, les chefs d’Etat des pays membres des organisations régionales d’Afrique de l’Est et d'Afrique australe ont appelé à un cessez-le-feu immédiat dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), où sévit le M23.  

Alors que le M23, soutenu par le Rwanda, menace de renverser le gouvernement congolais, les chefs d’Etat des pays d'Afrique de l'Est et d'Afrique australe se sont réunis pour un sommet en Tanzanie. Ils ont exhorté le président congolais à négocier directement avec les rebelles. Ce sommet conjoint a réuni les dirigeants de la Communauté de l'Afrique de l'Est, dont le Rwanda et la RDC sont membres, et ceux de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), qui regroupe des pays allant du Congo à l'Afrique du Sud. 

Le chef de l’Etat de la RDC, Félix Tshisekedi, qui a assisté au sommet par vidéoconférence, a réaffirmé qu'il ne discuterait jamais avec les rebelles du M23 qu'il considère motivés par l'exploitation des vastes richesses minières de son pays. 

Dans un communiqué publié à l'issue des pourparlers, les chefs d’Etat ont exhorté la reprise des « négociations directes et du dialogue avec toutes les parties étatiques et non étatiques », y compris le M23.

Rappelons que les rebelles se sont emparés de Goma, la plus grande ville de l'Est de la RDC, à la suite de combats qui ont fait près de 3 000 morts et des centaines de milliers de déplacés, selon les Nations unies. 

Le président rwandais, Paul Kagame, a participé au sommet avec son homologue sud-africain, Cyril Ramaphosa. Ce dernier a provoqué la colère des Rwandais en déployant des troupes sud-africaines dans l'Est du Congo sous la bannière de la SADC pour lutter contre le M23. 

Le Rwanda accuse le déploiement des soldats de la paix de la SADC d'avoir aggravé le conflit au Nord-Kivu, une province de l'Est du Congo riche en minerais et désormais contrôlée par le M23. Paul Kagame insiste sur le fait que les troupes de la SADC ne sont pas des soldats de la paix puisqu'elles se battent aux côtés des forces congolaises pour vaincre les rebelles. 

Outre la réouverture immédiate de l'aéroport de Goma, le sommet de Dar el Salaam a également appelé à l'élaboration de « modalités de retrait des groupes armés étrangers non invités » du territoire congolais. 

Selon les experts de l'Organisation des Nations unies (ONU), les rebelles sont soutenus par quelque 4 000 soldats du Rwanda voisin, tandis que les forces gouvernementales congolaises sont appuyées par des forces de maintien de la paix régionales, celles de l'ONU, des milices alliées et des troupes du Burundi voisin. Elles s'efforcent actuellement d'empêcher les rebelles de s'emparer de Bukavu, la capitale de la province du Sud-Kivu. 

« Le dialogue n'est pas un signe de faiblesse »

Le président kényan, William Ruto, qui préside actuellement la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC), a déclaré lors du sommet que « la vie de millions de personnes dépend de notre capacité à naviguer dans cette situation complexe et difficile avec sagesse, clarté d'esprit et empathie ». « Le dialogue n'est pas un signe de faiblesse. C'est dans cet esprit que nous devons encourager toutes les parties à mettre de côté leurs différences et à se mobiliser pour s'engager dans un dialogue constructif ».

La rébellion du M23 découle en partie de l'inquiétude du Rwanda qui se préoccupe depuis des décennies du fait que les rebelles opposés au gouvernement du Rwanda ont été autorisés par l'armée congolaise à être actifs dans des régions de l'Est du Congo où règne une grande anarchie. Paul Kagame accuse également son homologue de la RDC, Félix Tshisekedi, d'avoir négligé les préoccupations légitimes des Tutsis congolais qui sont victimes de discrimination. 

L'avancée du M23 fait écho à la précédente prise de Goma par les rebelles, il y a plus de dix ans, et a fait voler en éclats le cessez-le-feu conclu en 2024 entre le Rwanda et la RDC, sous l'égide de l'Angola. 

Certains analystes régionaux craignent que la dernière offensive des rebelles soit plus puissante parce qu'ils lient leur combat à une agitation plus large pour une meilleure gouvernance et ont promis d'aller jusqu'à la capitale, Kinshasa, à 1 600 kilomètres à l'Ouest de Goma. L'Alliance du fleuve Congo, une coalition de groupes rebelles comprenant le M23, a déclaré dans une lettre ouverte au sommet qu'elle se battait contre un régime congolais qui « bafouait les normes républicaines » et « devenait un danger épouvantable pour le peuple congolais ». 

 

Yvette Reine Boro

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