ODD en Afrique : un rapport appelle à une nouvelle approche

Mercredi 12 Février 2025 - 16:00

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Face à des défis endémiques comme la pauvreté et un accès limité à l’énergie, une récente étude de la Brookings institution appelle à une refonte stratégique pour améliorer l'efficacité des efforts.

Malgré des progrès réalisés dans le domaine de la santé, l’Afrique reste à la traîne pour la plupart des objectifs de développement durable (ODD), incluant l’éradication de la faim (ODD 2) et l’accès à des services énergétiques fiables et durables (ODD 7). Néanmoins, elle a la capacité de renverser cette tendance, en adoptant notamment une approche systématique et innovante différente de celle utilisée jusqu’à présent, soutient le rapport « Foresight Africa: top priorities for Africa 2025-2030 », de la Brookings institution. Il s’appuie sur l’énorme potentiel du continent, dont 30 % des réserves minérales mondiales. D'ici à 2050, la population active mondiale, c'est-à-dire la plus jeune du globe,  représentera au moins le quart du total. Des données en contraste avec les défis auxquels est confrontée la population africaine, dont 60 % vivent dans la pauvreté. Le texte  évalue le chômage des jeunes à plus de 25 % ; à plus de 85 % l’insécurité alimentaire des Africains ; une gouvernance et un cadre institutionnel problématiques ; des investissements insuffisants dans les infrastructures et les services sociaux ; une stagnation voire un recul dans la concrétisation de la majorité des ODD en Afrique, comme d’ailleurs à l’échelle globale. 

Appel à une réadaptation de l’approche de l’atteinte des ODD

En cause, l’insuffisance des efforts, ce qui nécessite « une nouvelle approche stratégique audacieuse » pour inverser la trajectoire actuelle en Afrique. Les pays africains doivent en moyenne croître à un rythme de 4 % par an s’ils veulent atteindre ces cibles, indique le rapport. Un taux actuellement inférieur à 1 %. Pour renverser la tendance, le document recommande aux pays africains d’adopter une approche écosystémique des ODD, en priorisant des activités visant à améliorer plusieurs objectifs simultanément : promouvoir une agriculture intelligente  pour réduire la pauvreté, créer des emplois, améliorer le capital humain, réduire les inégalités de revenus et atténuer la faim tout en protégeant la planète. Une méthode qui permet de consolider les ressources et les actions des acteurs publics et privés. Les pays africains doivent également se préparer à une réduction de l’aide publique au développement en améliorant l’efficacité des dépenses nationales et en innovant dans le financement des infrastructures, de l’énergie et de la technologie. Le rapport encourage aussi les Etats africains à mettre en place des chaînes de valeur régionales pour augmenter les revenus, diversifier l’économie, créer des emplois et retenir la valeur sur le continent.

Pour finir, améliorer la gestion financière publique et boucher les failles fiscales peut générer des revenus supplémentaires. L’étude invite la communauté mondiale à s’assurer que les ressources africaines financent le développement du continent en luttant contre les flux financiers illicites et en explorant de nouveaux flux de revenus comme les marchés du carbone. Pour le Premier ministre rwandais, Edouard Ngirente, coauteur du rapport, la concrétisation des ODD est à portée de main, malgré des nombreux défis. À condition que des investissements conséquents soient dirigés vers l’éducation et l’emploi, que l’adoption d’infrastructures résilientes soit accélérée et que l’on mise davantage sur les énergies renouvelables ; stimuler le commerce intra-africain et diversifier les économies. Parallèlement à l’adoption des technologies numériques, des énergies vertes peuvent ouvrir de nouvelles voies de transformations profondes favorables à l’atteinte des ODD. Des perspectives qui peuvent se concrétiser si des efforts synergiques sont mis en place pour renforcer la gouvernance, mobiliser les ressources locales et bâtir des partenariats public-privé solides.

Noël Ndong

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