Chronique « Renessence » : le droit de vivreVendredi 14 Février 2025 - 10:39 Imaginez qu'un jour, en tant qu'autorité quelconque, que quelqu'un vous donne le droit de décider de qui doit vivre et de qui doit mourir. Imaginez-vous seulement un instant de l'étendue de votre pouvoir ? Et aussi paradoxalement de votre capacité de nuire?
Est-ce que ma vie en valait la peine, m'avait-elle demandé, disons-le avec une certaine désinvolture. Pourquoi fallait-il que je souffre autant, disons grosso modo selon elle pendant vingt-cinq ans et pourquoi fallait-il que je fasse ainsi souffrir ma famille, tant sur le plan moral que financier ? Vingt-cinq ans de souffrances lourdes et inutiles et aussi à quoi cela serait-il en vrai ? Étais-je réellement un bon investissement puisque du jour au lendemain, d'après elle, je pouvais m'arrêter de respirer et au final tout cela n'aurait servi à rien. Toute cette souffrance et cet investissement se montreraient alors inutiles. C'est le genre de question qu'on n'oublie pas. Le genre de question qui nous font poser un regard différent sur la société qui nous entoure. Cette question dans le fond pourrait être résumée en celle-ci : " As-tu le droit de vivre ? " Mais avec du recul. Qui a vraiment le droit de poser ce genre de question ? Qui est entré dans la trame des âmes, en est sorti, pour décider de qui pouvait vivre ou mourir ? Qui a conçu le souffle et l'excellente, la performante, l'inégalable machine humaine dotée d'un esprit analogue à l'étendue de l'univers pour décider qu'une conception entre guillemets de mauvaise qualité, défaillante, même si elle avait réussi à vaincre l'océan des épreuves de la vie in-utero, ne méritait rien de plus qu'une caisse à six planches si ce n'était peut-être une sorte de four crématoire pour la purifier de sa prétention à la vie ? Qui a le droit de décider sur la base d'un tracé de l'encre sur un papier qu'une vie est moins valeureuse qu'une autre ? À l'aune de quels paramètres peut-on juger de ce qu'il sortira d'un certain schème d'énergie ? Au-delà de ce que nous avions ressenti ce jour-là, au-delà du sentiment d'avoir été effacée à la gomme dans un monde parallèle potentiel si tant il est qu'il existât, nous avions pris conscience de la chose suivante : la condition humaine était souvent pétrie d'orgueil et de suffisance et qu'il fallait avoir fait le parcours du combattant, le chemin de la croix pour réaliser le sacré d'un cœur qui bat. Cet honneur, cette grâce, ce privilège n'étaient pas accordés à tout le monde. Nous étions donc des porte-voix, des porte-étendards non pas pour quémander notre droit à la vie mais pour la vivre pleinement et joyeusement. Princilia Pérès Légendes et crédits photo :Illustration Notification:Non |