Privatisation du secteur de l’électricité : les travailleurs d’E2C vent debout contre la démarche du gouvernement

Samedi 22 Février 2025 - 14:14

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Réunis en assemblée générale ce 21 février au siège de l’Énergie électrique du Congo (E2C) à Brazzaville, les syndicalistes de l’opérateur public de l’électricité ont protesté contre la mise en concession des centrales électriques et la commercialisation par affermage. Ils menacent d’aller en grève si les autorités refusent de reconsidérer sa démarche.

 

Entre les chants et les cris de revendications, avec des cartons rouges en main, les cadres, agents et techniciens ont exprimé leur mécontentement lors de l’assemblée générale tenue au siège social de l’E2C. Ils étaient plusieurs centaines, venus des agences de Brazzaville, de Pointe-Noire et d’autres localités du pays, à répondre à l’appel du collège syndical de l’E2C. Les syndicalistes ont fustigé le « diktat » du gouvernement pour la mise en concession des centrales hydroélectriques du pays, dont celles d’Imboulou, de Moukoukoulou et de Liouesso, ainsi que le transfert de la gestion du segment distribution et commercialisation de l'électricité à la Société nationale d'électricité du Sénégal (Senelec).

Si ce processus de privatisation aboutit, a averti l’ingénieur Jean Ludovic Idani, l’un des leaders syndicaux, il entraînera une flambée du prix de l’électricité dans le pays. Actuellement vendu à 49 F, le prix du kilowattheure risque de doubler avec l’arrivée des opérateurs privés. Dans leur déclaration, les travailleurs ont invité le gouvernement à reconsidérer sa décision de concéder le système électrique national à des tiers jugés moins qualifiés, en l’occurrence Senelec et l’homme d’affaires congolais Paul Obambi. Ils se disent prêts à dialoguer avec leurs autorités de tutelle en vue de trouver un modèle consensuel de gestion du secteur de l’électricité. « Le collège syndical serait emmener à lancer un préavis de grève, si le gouvernement ne prend pas en compte ses préoccupations dans un avenir proche », a menacé l’intersyndicale.

Concernant la difficulté liée à la desserte en électricité notamment à Brazzaville et Pointe-Noire, le collège syndical suggère une révision du réseau électrique du pays, en réduisant les pertes techniques et non techniques. Il a également été proposé la construction d’une deuxième ligne de transport THT entre les deux grandes agglomérations (Brazzaville et Pointe-Noire) et celle d’une nouvelle centrale hydroélectrique proche de la capitale. « Ce serait à n’en point douter la solution efficace », estime Régine Chantal Batondélé, la secrétaire générale de la section de la Confédération syndicale des travailleurs du Congo et présidente de l’intersyndicale de l’E2C.

La gouvernance de l’entreprise a aussi été pointée du doigt par les partenaires sociaux. Ils prônent le maintien du modèle actuel, tout en appelant à une meilleure gouvernance des ressources suivant un audit complet. Avec une recette mensuelle estimée à 7,5 milliards F CFA, soit environ 90 milliards/an, l’E2C peut investir son propre développement. « Le nœud du problème c’est la gestion efficace des dépenses de l’entreprise. Les ressources de l’E2C ne sont pas gérées pour rendre la société plus performante », a estimé l’ingénieur Jean Ludovic Idani.

Amorcée depuis 2018 avec la réforme du statut de l’opérateur public de l’électricité, la privatisation vise à mettre un terme aux coupures intempestives de courant que connaissent les grandes villes, Brazzaville et Pointe-Noire. D’après le gouvernement, cette réforme devrait à terme permettre d’accroître la production nationale, d’améliorer l’accès à l’électricité pour les ménages et les entreprises, d’inciter les investisseurs privés au développement du secteur, d’optimiser les performances techniques et la qualité du service public.

 

 

 

Fiacre Kombo

Légendes et crédits photo : 

Les travailleurs de l'E2C mobilisés/Adiac

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