Nouvelles tendances : Zik Seigne et Lil Soso cassent le code musical

Jeudi 20 Mars 2025 - 15:19

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Une musique non alignée difficile à catégoriser. Un genre hybride qui n'est ni le ndombolo ni la rumba, ni le folk congolais, encore moins le jazz ou le hip-hop. Des mélodies simplement atypiques puisque ne se conformant à aucune tendance musicale. Et pourtant, cette musique est là présente avec ses inconditionnels qui se comptent par milliers à Kinshasa et ailleurs.

Les précurseurs des nouvelles sonorités insipides et malveillantes sont connus. Leurs noms : DJ Momboshi, Zik Seigne, Lil Soso et tant d'autres. De leurs textes émergent des paroles provocatrices engluées dans des rythmes endiablés prônant la licence sexuelle. Pour peu qu'ils grattent la guitare, la basse ou manient les percussions, plusieurs jeunes désœuvrés kinois sautent sur le premier studio de fortune du coin pour enregistrer. Ils se soucient très peu de la qualité du produit à soumettre à la critique. L'essentiel est qu'il soit consommé, à n'importe quel prix.

Zik Seigne est un pur produit issu de la bouillabaisse kinoise. Avec son physique frêle mis en relief par une physionomie quasi efféminée digne de la communauté LGBT, ce garçon est actuellement sous les feux des projecteurs. Son air délaissé exacerbé par une naïveté déconcertante en fait paradoxalement une star de la chanson. Kinshasa ne fait plus le tri de ses stars. Il suffit de heurter les consciences, d'avoir le verbe haut en bravant le code moral pour être admis au cercle.

DJ Momboshi, encore une autre tête de mule sortie de nulle part, est un des pionniers de cette nouvelle vague musicale qui casse les codes et les fondamentaux de la musique. Avec son fameux "Libulu", la chanson controversée dont le contenu lui a valu la tôle, il est parvenu à mettre le tout Kin sens dessous dessus. Les sonorités que dégage cette chanson à la limite obscène emportent, encore aujourd'hui, une certaine jeunesse kinoise dans les travers d'une euphorie souvent incontrôlée. Les motocyclistes en ont fait leur tasse de thé. Les tenanciers des bars aussi n'étaient pas en reste. Sans parler de tous ces troubadours qui squattent les carrefours de Kinshasa. Tous étaient, comme qui dirait, en mode "Libulu". Interpellé par les instances judiciaires au nom de la sauvegarde de la morale publique, DJ Momboshi s'en est tiré à bon compte. Son colistier dans cette entreprise de dépravation, Zig Seigne, arpente également cette voie sinueuse de la justice. Pour les mêmes raisons. « Misu likolo na cadre ya sentiment », c’est sa trouvaille. Un freestyle viral, ou mieux, un véritable mixtape d’une génération perdue, inconsciente et écervelée. Les challengeurs sur la toile en ont fait un sacré buzz.

Apologie du sexe...

Comme si cela ne suffisait pas, un autre larron en foire est venu s'ajouter sur la liste. Son nom: Lil Soso. Sa musique est incompréhensible, indéchiffrable voire énigmatique. Le chanteur mime les craquettes du coq sur un tissu musical assez singulier, ne faisant passer aucun message. Un rap d'un type particulier assez proche de son compère du Congo Brazzaville, MC Baba. Favorisés par l'émergence de l’afrobeat et par les facilités techniques qu'elle offre dans le processus de la création musicale, ces artistes de la nouvelle vague en ont trouvé une parade pour dissimuler leur déficit d'imagination. Pas question de copier ce qu’ils ont coutume d’écouter. Ils veulent sortir des sentiers battus et inventer de nouveaux rythmes. Le sexe est leur principale source d'inspiration. Malheureusement pour eux, ils ne donnent plus le sens éducateur dans l’écriture. Toute la trame de leur contenu fait l’apologie du sexe. Le temps de recadrage a sonné pour l'avenir de la postérité.

Sylvain Andema

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