Le saviez-vous ? Avant "La Congolaise", c'était "La Marseillaise" que l’on chantait au Congo

Vendredi 18 Avril 2025 - 10:09

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Aujourd’hui, La Congolaise est entonnée avec fierté lors des cérémonies officielles au Congo. Mais avant l’indépendance, ce n’était pas elle qui retentissait dans les stades, les écoles ou les défilés militaires. C’était La Marseillaise, l’hymne national français, qui occupait cette place symbolique. Explication.

Le Congo, comme d'autres territoires d’Afrique centrale, était une colonie française intégrée à l’Afrique équatoriale française, une fédération créée en 1910 et administrée depuis Brazzaville. Ce statut faisait des Congolais des « sujets » de la République française, et non des citoyens à part entière; du moins jusqu’à la loi de 1946 qui accordait la citoyenneté à tous les ressortissants de l’empire. Mais, même avec ce changement juridique, l’empreinte coloniale restait très forte, notamment à travers les symboles : le drapeau tricolore, la devise « Liberté-Égalité-Fraternité », et bien sûr La Marseillaise.

Dans les écoles coloniales, les élèves se levaient chaque matin pour chanter l’hymne français. On leur enseignait les paroles sans toujours leur expliquer le sens de certaines strophes guerrières comme « Qu’un sang impur abreuve nos sillons ». Cette répétition quotidienne, parfois mécanique, participait à un processus plus large d’assimilation, dans lequel la culture et l’histoire de la France étaient présentées comme supérieures, voire universelles.

Ce contexte a longtemps empêché l’émergence d’un imaginaire national propre. Mais, dans les années 1950, les choses changent. La vague des indépendances gagne l’Afrique. Des figures politiques comme Fulbert Youlou, premier président du Congo, s’emparent du débat identitaire et symbolique. En 1959, à la veille de l’indépendance, un concours est organisé pour doter la future République du Congo de ses propres emblèmes.

C’est ainsi que La Congolaise est née. Les paroles sont écrites par deux Congolais, Jacques Tondra et Georges Kibanghi. La musique est composée par deux Français, Jean Royer et Joseph Spadilière, tous deux musiciens militaires en poste à Brazzaville. Ce détail peut surprendre, mais il montre à quel point la transition entre colonie et nation indépendante s’est faite dans un contexte encore très marqué par la présence française.

Adoptée officiellement le 15 août 1960, jour de l’indépendance, La Congolaise devient un puissant symbole d'émancipation. Son refrain incarne l’espoir, l’unité et la volonté de bâtir un avenir commun.

Fait étonnant, en 1969, lors de l’arrivée au pouvoir du président Marien Ngouabi, La Congolaise est remplacée par un nouvel hymne, Les trois glorieuses. Mais cet hymne ne durera que jusqu’en 1991, date à laquelle La Congolaise est restaurée après la Conférence nationale souveraine. Aujourd’hui encore, son histoire rappelle que les hymnes ne sont jamais de simples chansons : ce sont des récits en musique, des cris de ralliement, des témoins de l’histoire des peuples.

Jade Ida Kabat

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