Le saviez-vous? Le maringa, une musique oubliée qui faisait danser le Congo avant le soukousJeudi 24 Avril 2025 - 21:28 Avant les stars de la rumba et du soukous, Brazzaville vibrait au son du maringa. Ce style, à la croisée des rythmes traditionnels et des influences afro-cubaines, a marqué les débuts de la modernité musicale congolaise. Un patrimoine méconnu que certains tentent aujourd’hui de ressusciter.
Bien avant que les guitares électriques de Franco ou Papa Wemba ne conquièrent les scènes africaines, une autre musique envoûtait la République du Congo : le maringa. Né dans les années 1930 à Brazzaville, ce style aujourd’hui presque oublié fut pourtant un véritable socle de la culture musicale urbaine d’Afrique centrale. C’est dans les quartiers populaires comme Poto-Poto, Bacongo ou Talangaï que le maringa a vu le jour, porté par les marins congolais qui ramenaient de leurs voyages des vinyles de rumba cubaine et de boléros. Mais les Congolais ne se sont pas contentés de copier : ils ont transformé, adapté, et mélangé ces sonorités aux rythmes locaux pour créer une musique douce, chaloupée, aux textes poétiques et parfois engagés. Le maringa se jouait dans les ngandas, ces petits bars de fortune où l’on venait boire, danser, discuter, et oublier les soucis du quotidien. Les guitares y étaient acoustiques, accompagnées de percussions simples et de voix chaudes chantant en lingala ou en lari. Une ambiance intimiste, populaire, profondément enracinée dans le vécu des habitants de Brazzaville. Des pionniers comme Paul Kamba, Jean Serge Essous, ou les premiers membres de l’orchestre Bantous de la capitale ont marqué cette époque. Leur talent et leur créativité ont jeté les bases d’une musique congolaise urbaine, bien avant que Kinshasa ne devienne le centre névralgique de la rumba continentale. Mais avec l’émergence du soukous dans les années 1960 et l’arrivée des guitares amplifiées, le maringa a été relégué à l’arrière-plan. Peu à peu, il a disparu des radios, des bals et des mémoires. Pourtant, il n’a jamais complètement disparu. Des artistes contemporains s’en inspirent encore discrètement, et des initiatives locales comme les archives sonores de l’Institut français du Congo où certains festivals cherchent à redonner vie à ce pan oublié du patrimoine musical congolais. Redécouvrir le maringa, c’est remonter le temps jusqu’à une Brazzaville vibrante, inventive et fière de ses sons. C’est aussi se rappeler que le Congo ne s’est pas contenté de suivre la musique. Il l’a inventée.
Jade Ida Kabat Notification:Non |